Après près de 30 ans d’existence, le quotidien Liberté va cesser de paraître. La société éditrice du journal francophone a acté mercredi 6 avril sa dissolution lors d’une assemblée générale extraordinaire. La nouvelle de l’extinction d’un symbole de la presse francophone en Algérie a été annoncée par le journal lui-même ce jeudi 7 avril.
« Après 30 ans d’existence, le quotidien Liberté s’éteint. L’ultime semaine », peut-on lire sur la Une du journal où le célèbre Dilem régale chaque jour les Algériens d’une caricature de génie. L’assemblée générale extraordinaire de Liberté a acté sa dissolution et fixé la date de la dernière parution du journal, dont l’actionnaire majoritaire est l’homme d’affaires Issad Rebrab, au jeudi 14 avril, soit dans une semaine.
Le collectif des salariés de Liberté a alerté il y a quelques jours sur la décision irrévocable de son propriétaire de fermer définitivement le journal. Mercredi, cette décision a été confirmée, avec la tenue de l’AG extraordinaire des actionnaires de la société éditrice. Officiellement, c’est une dissolution pour des « raisons économiques », selon Liberté, mais les salariés du journal n’y croient pas. Ils sont convaincus que le journal a été fermé pour des raisons politiques.
« Véritable cataclysme médiatique »
L’éditorialiste du journal a qualifié cette décision de « véritable cataclysme médiatique que nul n’a vu venir après trente ans de lutte et d’existence ».
Lancé en juin 1992, et à l’image de la presse algérienne, le journal Liberté a payé un lourd tribut dans la lutte qu’a menée le peuple algérien contre l’islamisme radical. Deux de ses salariés ont été assassinés par les groupes terroristes et le journal a été suspendu six fois.
La disparition de Liberté illustre les difficultés de la presse en Algérie. Les médias sont confrontés à une multitude de problèmes qui menacent la survie de plusieurs titres : crise économique, tarissement de la publicité privée, contrôle de l’État sur la publicité publique, modèle économique dépassé et les pressions politiques. À cela s’ajoutent les poursuites judiciaires à l’encontre de plusieurs journalistes dont certains ont été condamnés et incarcérés.
Ces facteurs affaiblissent considérablement la presse privée et rendent difficile la pratique du journalisme.
« Ceux qui pensent que nous sommes un journal qui dérange et qui mérite sa mort peuvent nous supporter encore une petite semaine. Ils pourront ensuite « dormir » tranquilles. Mais qu’ils sachent que l’Algérie ne peut pas se réjouir d’une telle fin. Parce que la disparition d’un journal est souvent suivie de la naissance d’un démon », met en garde Liberté.