Le Bureau des affaires économiques et commerciales du Département d’État américain, chargé de promouvoir la sécurité économique et la prospérité des États-Unis à l’étranger, a publié son rapport sur le climat des investissements en Algérie pour l’année 2018.
Ouverture et restrictions à l’investissement étranger
Malgré un discours officiel favorable aux IDE, « le climat des affaires reste difficile en raison d’un environnement juridique incohérent et de politiques contradictoires qui compliquent les investissements étrangers », note le rapport.
Il existe pourtant « d’importantes opportunités d’affaires dans presque tous les secteurs, y compris l’énergie, l’électricité, l’eau, les soins de santé, les télécommunications, le transport, le recyclage, l’agroalimentaire et les biens de consommation ».
Le rapport ajoute que dans le cadre de la politique de substitution aux importations et de réduction des importations instaurées par le gouvernement depuis la chute des prix du pétrole en 2014, « certaines réglementations favorisent explicitement les entreprises locales au détriment des concurrents étrangers, notamment dans le secteur pharmaceutique ».
Le département d’Etat américain estime aussi que « la nature arbitraire des changements fréquents apportés par le gouvernement à la réglementation des affaires a ajouté à l’incertitude du marché ».
Au sujet de l’Agence Nationale de Développement de l’investissement (ANDI), le rapport du département d’Etat américain affirme que des entreprises américaines ont signalé le « manque de personnel » et « l’inefficacité » dont souffrirait l’agence.
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La loi 51/49
Le rapport pointe notamment l’absence « d’efforts pour maintenir le dialogue avec les investisseurs après qu’ils aient lancé un investissement » et attribue l’inefficacité de l’agence à un « manque de pouvoir décisionnel, notamment pour les projets industriels ».
La règle d’investissement 51/49 peut poser des « entraves à l’accès au marché pour les petites et moyennes entreprises (PME) étrangères » faute à « des ressources humaines ou à un capital financier insuffisant pour répondre aux exigences légales complexes », souligne le rapport.
Les grandes entreprises reçoivent, selon le rapport, plus de considération des autorités que les PME car « elles créent généralement plus d’emplois et disposent parfois de la technologie et de l’équipement ».
De plus, selon le rapport, il y aurait des allégations selon lesquelles « les partenaires algériens refusent parfois d’investir les fonds nécessaires dans le capital de l’entreprise, exigent des fonds non contractuels pour obtenir des projets, et envoient des travailleurs non qualifiés sur les chantiers ».
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Traitement bureaucratique de l’investissement
Le rapport fait remarquer « qu’officiellement le gouvernement algérien n’a traité aucun IDE depuis 2013 alors que les investissements étrangers sont soumis à l’approbation d’un grand nombre de ministères couvrant le projet proposé ».
Le document rapporte aussi que « des entreprises américaines ont signalé que certaines propositions industrielles très médiatisées, telles que le montage automobile, aient été soumises à l’approbation informelle du Premier ministre ».
De plus, le rapport évoque l’institution par le gouvernement d’un Conseil d’évaluation des investissements en 2017, présidé par le Premier ministre, dans le but de faire le suivi des investissements alors que dans la pratique, estime le rapport, « la création du conseil signifie que les propositions d’IDE font l’objet d’un examen gouvernemental supplémentaire ».
S’agissant des investissements algériens à l’étranger, le rapport du département d’État américain note que l’Algérie « ne dispose actuellement d’aucun mécanisme qui encourage les investissements à l’étranger, bien qu’il n’y ait pas non plus de restriction à l’investissement étranger pour les investisseurs nationaux, à condition ajoute le rapport, qu’ils puissent avoir accès à des devises étrangères ».
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