Déjà confronté à un début de quinquennat compliqué, marqué par de nombreuses crises, le président français Emmanuel Macron, en voulant imposer une réforme des retraites impopulaire, semble tirer la France vers une impasse.
C’était la décision de trop. Le gouvernement français, en faisant passer en force et sans vote du parlement la réforme des retraites, a provoqué la colère et le ressentiment d’une partie de la population, et ce à l’aube d’une semaine social de tous les dangers pour l’exécutif français, où des grèves, des blocages et des manifestations massives sont annoncées un peu partout en France.
Syndicats, partis politiques, opinion publique : la réforme des retraites fait l’unanimité contre elle. Elle prévoit notamment le report de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Annoncé depuis le début de l’année, la réforme des retraites a suscité depuis de nombreuses semaines un vaste mouvement social. Ce mouvement s’est caractérisé par des grèves continuelles et des manifestations dans toutes les villes de France pour appeler à l’abandon de la réforme.
Climat social très tendu en France
Face à ce front social, le président français et sa première ministre Elisabeth Borne, ont choisi la voie de la fermeté, misant sur une coalition parlementaire pour faire voter la loi.
Nous arrivons au terme du cheminement démocratique de cette réforme essentielle pour notre pays.
C’est avec humilité et gravité que j’ai engagé ma responsabilité et celle de mon Gouvernement.
Pour notre système de retraites par répartition.
Pour notre modèle social.— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) March 20, 2023
Cependant, l’échec de cette stratégie, avec une assemblée nationale hostile à ce texte de loi, a poussé le président Macron à opter pour une disposition constitutionnelle (article 49-3) qui permet de faire adopter des lois sans le vote des députés.
Retraites: des arrestations violentes de manifestants dénoncées dans des vidéos sur les réseaux sociaux pic.twitter.com/DCfKMsc0gv
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Arguant que « les risques financiers et économiques seraient trop grands pour la France si la réforme n’était pas adoptée », la décision d’utiliser le 49-3 a définitivement mis le feu aux poudres.
L’impossible compromis
Dès l’annonce de l’adoption définitive par le parlement de la réforme lundi 20 mars, des manifestations et des attroupements d’opposants se sont spontanément formés un peu partout en France. La réaction des forces de l’ordre a provoqué des scènes d’échauffourées et de violences, notamment à Paris.
Retraites: le syndicat de la magistrature dénonce la « répression de la contestation sociale » pic.twitter.com/wMtJoWfqfg
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Pour Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, l’un des plus importants syndicats du pays, "la France vit actuellement sa plus grande crise sociale depuis dix ans, et sa plus grande crise politique de ces 30 dernières années ».
Il ajoute que « la colère est là, des formes de radicalité peuvent s’exprimer. » Face aux risques de violences et de débordement, il en appelle au président Macron afin qu’il ne promulgue pas la loi.
La CGT, un autre important syndicat français, a annoncé des actions dans le secteur de l’énergie, avec des coupures d’électricité prévues. Pour la CGT, la lutte contre la réforme ne fait que commencer. « La colère est grande, on va leur montrer qu’on est mobilisés et qu’on est déterminés », a-t-il déclaré.
[A LA UNE A 12H]
Le gouvernement a annoncé les premières réquisitions de personnels pétroliers depuis le début des grèves contre la réforme des retraites, au dépôt de Fos-sur-Mer près de Marseille #AFP 1/5 pic.twitter.com/OqZrdUHOSI— Agence France-Presse (@afpfr) March 21, 2023
De leurs côtés, les partis d’opposition et notamment La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon appellent à une radicalisation du mouvement social, afin de se faire entendre par le gouvernement.
Cette radicalisation passerait notamment par « le blocage des raffineries, des dépôts pétroliers ou encore du secteur public comme le transport ou l’Éducation nationale ».
Alors que se profile une grande journée de mobilisation jeudi 23 mars, et que les appels aux durcissement des grèves se multiplient, la France se trouve dans une situation politique et sociale inflammable, le président Macron qui devrait prendre la parole ce mercredi 22 mars, est attendu au tournant.