Le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) a dressé un constat sombre sur le climat social en Algérie, en raison de la détérioration du pouvoir d’achat et de la « multiplication » des crises.
« La succession de crises en un laps de temps réduit a aggravé la situation », a estimé le Satef dans un communiqué publié mardi 12 octobre.
« A commencer par la pénurie de l’oxygène dans les hôpitaux (durant la 3e vague de la Covid, l’été dernier), en passant par les incendies et la pénurie de livres scolaires, jusqu’à la dégradation sans précédent du pouvoir d’achat et l’élargissement du cercle de pauvreté du fait de la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité », énumère le Satef, pointant également « une restriction sur les libertés syndicales et individuelles ».
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La somme de ces facteurs, selon ce syndicat, a engendré un état de « crispation qui a atteint son paroxysme au sein de la classe ouvrière » en Algérie.
« Un état des lieux qui présage une explosion sociale qui pourrait prendre une forme violente, que personne ne pourra alors encadrer ou maitriser », prévient le Conseil national du Satef.
Cette organisation syndicale rappelle que les mouvements de protestation qui ont émaillé la fin de l’année scolaire 2020/2021 illustrent le « refus de cet état de fait qui était marqué par l’absence de justice sociale et par la multiplication des obstacles bureaucratiques au sein des administrations ».
Ce qui amène le Satef à rebondir sur la rentrée scolaire 2021/2022 en la qualifiant de « ratée » et de catastrophique voire « la plus mauvaise depuis des années ».
Le syndicat met en cause les calendriers d’enseignement exceptionnels (en raison de la crise du Covid), qui ont perturbé le travail des chefs des établissements scolaires et entraîné une surcharge sur l’ensemble des travailleurs de l’éducation à travers un volume horaire jugé « infernal ».
A cet effet, le Satef interpelle le ministère de l’Education à l’effet d’abandonner le système d’enseignement par groupes devenu obsolète « dès lors que le nombre d’élèves par groupe dépasse 30 élèves et dans certaines wilayas il avoisine 40 élèves ».
Ce qui, argue le Satef, rend impossible l’application des mesures barrières anti-Covid comme la distanciation physique.
Pour le Satef, le maintien du système de l’enseignement par groupes « n’est qu’un prétexte de la part du ministère de l’Éducation pour maquiller son incapacité à endiguer le phénomène de la surcharge des classes ».
Un constat qui vaut également, d’après le Satef, devant l’absence de volonté de trouver une solution au manque d’enseignants par l’ouverture de nouveaux postes budgétaires.
Tebboune invite les syndicats à ne pas « jeter de l’huile sur feu »
Le Satef réclame une « intervention immédiate » de la part du gouvernement pour « mettre un terme à l’envolée vertigineuse des prix » par la régulation et le contrôle des marchés.
Le syndicat insiste sur l’urgence de pallier à l’érosion du pouvoir d’achat des travailleurs algériens, et ce par la révision des salaires, le relèvement conséquent du point indiciaire des fonctionnaires et une diminution du taux de l’IRG (impôt sur le revenu global).
En outre, le Satef accueille avec « soulagement » les annonces du Conseil des ministres de dimanche dernier relatives à la réduction de l’IRG et à l’augmentation du point indiciaire dans la Fonction publique. Mais il ne cache pas son appréhension de voir ces annonces destinées « à la consommation médiatique».
Le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane a indiqué que le relèvement du point indiciaire dans la fonction publique et la baisse de l’IRG permettront « une augmentation très significative des salaires » et une amélioration du pouvoir d’achat des citoyens.
Dimanche soir, durant sa rencontre périodique avec la presse, Abdelmadjid Tebboune a lancé un appel aux syndicats des travailleurs pour ne pas « jeter de l’huile sur feu », ajoutant que l’ensemble des secteurs ont été instruits de privilégier le dialogue.
Le président de la République a invité les syndicats des travailleurs à « œuvrer, de concert, à construire l’Algérie, loin de toutes formes de discorde ». Il a ajouté qu’il « est inutile de semer l’anarchie et de tenter de faire pression sur l’Etat pour assurer la prise en charge des revendications ».
Le chef de l’Etat a annoncé que « des instructions ont été données à tous les secteurs pour la révision des statuts et des salaires, mais une telle démarche nécessite un peu de temps ».
Il a rappelé que « notre objectif est le même : développer le pays, servir le citoyen et atteindre la croissance à laquelle aspirent les Algériens ».