Grande incompréhension dans les milieux populaires ce lundi 4 mars dans la capitale de la Mitidja, Blida, au lendemain du dépôt du dossier de candidature de Bouteflika.
‘’Hier dans la soirée, les gens sont sortis manifester contre le 5eme mandat’’, affirme un jeune, attablé dans un des cafés de ‘’Bab Essebt’’, au centre ville. ‘’Les jeunes, ceux qui attendent des solutions à leur détresse sociale, sont sortis, dans la rue pour rejeter’’ le 5e mandat.
Dans le centre ville de Blida, la situation est calme. Les gens vaquent normalement à leurs occupations, la vie a repris son cours après les manifestations des étudiants du campus Saad Dahleb la veille, réprimées par la police.
La population de Blida, après l’annonce officielle de la candidature de Bouteflika, a veillé tard hier dimanche aux cris de « pas de 5e mandat » et des courses poursuites entre manifestants et forces de police, qui ont usé de gaz lacrymogène.
« On ne sait même pas si le bonhomme est mort ou pas, et ils nous le proposent pour un 5e mandat », renchérit un autre client, assis seul devant son thé à la menthe. « Si au moins, il était là. Cela ne s’est jamais vu partout ailleurs dans le monde, cela dépasse l’entendement. C’est une honte ».
Dans les ruelles de l’ancienne médina de Blida, l’événement est largement commenté, et les discussions passionnées autour du 5e mandat arrivent aux oreilles des marchands de fruits et légumes de « Souika ».
« Comment veux-tu que le pays se stabilise ? C’est comme s’il y a une autre Algérie, une deuxième Algérie ce qui se passe avec ces marches. Ils auraient au moins du apporter un autre à sa place », lance un marchand de légumes à son voisin.
« Cette présidentielle est devenue un jeu », estime par ailleurs un taxi, en traversant Bab Ezzair. Parlant du cas énigmatique de Rachid Nekkaz, il s’interroge : « au dernier moment, ils nous sortent un personnage nouveau. Cela se fait-il ailleurs ? Nous sommes le pire peuple au monde. C’est cela la médiocrité. »
Pour lui, « rien n’a en fait jamais changé dans ce pays, depuis 1962. Espérons seulement que cela ne dégénère pas. Lui ou un autre, pourvu que cela n’affecte ni la sécurité du pays, ni celle de ses habitants. Le reste, c’est comme cela depuis l’indépendance ».
Virée au quartier populaire de Montpensier, où les habitants commentent la candidature de Bouteflika à sa succession. « L’Algérie ne va pas bien. Il n’est ni mort, ni vivant, c’est cela l’Algérie. Bouteflika, c’est un Higlander, il va provoquer des dégâts dans le pays. Mais ce n’est pas normal ce qu’il se passe dans ce pays’’, nous explique un technicien-réparateur de télévisions. « Tu les vois comme des êtres humains, ces gens là ? Ils ne savent pas sortir avec honneur. Ils n’ont pas conscience qu’ils vont sortir par la petite porte ».