Interrogé sur les propos qu’il avait prononcés sur la colonisation en février à Alger, Emmanuel Macron, invité de L’émission politique jeudi soir sur France 2, a rappelé que la définition de « crime contre l’humanité a évolué » et « qu’elle n’est pas réductible aux génocides ».
Le candidat à la présidentielle sans étiquette a souligné que la notion juridique de crime contre l’humanité est « plus large en droit international comme en droit français », et a indiqué qu’il n’a « pas appelé à une reconnaissance juridique de ce qu’il s’est passé ».
Pour défendre son argumentaire, Emmanuel Macron a de nouveau fait référence, jeudi soir, à la loi du 9 août 2010 portant adaptation du droit pénal à l’institution de la Cour pénale internationale. « Ce texte crée l’incrimination de l’incitation publique et directe à commettre un génocide, adopte une définition élargie des autres crimes contre l’humanité afin d’englober certains actes visés à l’article 7 de la convention de Rome », détaille La Gazette du Palais, référence en matière d’information juridique, le 10 août 2010. Dans le fameux article 7, figurent notamment la torture, le viol, l’esclavage, l’apartheid…
« Un conflit des mémoires »
Le candidat d’En marche! a tenu à préciser qu’il n’avait pas « écraser (…) la colonisation derrière cette notion toute entière », mais maintient ses propos tenus à Alger : « Il y a eu des actes dans le cadre de la colonisation et des guerres qui ont été conduites qui relèvent bien de cette notion sans vouloir faire d’anachronisme ».
« Le grand problème que nous avons, a t-il poursuivi, c’est un problème de conflit des mémoires ». « Nous avons des mémoires multiples qu’on ne réconcilie pas parce que nous avons des jeunes à qui, dans l’école française, on n’a jamais expliqué quelle était la part de cette histoire traumatique partagée que nous avions ».
Menaces de morts
Emmanuel Macron affirme avoir reçu des menaces de mort après ses propos sur la colonisation. « Je veux dire, moi j’ai reçu des menaces de mort suite à ce que j’ai dit. De certaines personnes (…) des gens qui sont militants actifs du Front national et qui considèrent que je suis un traître au même titre de Gaulle qui en 62 les a trahis. Donc il y a, que ça vous plaise ou non, des mémoires profondément traumatiques dans notre pays liées à la guerre d’Algérie, de part et d’autre », a-t-il dit.