Le refus populaire du 5e mandat, qui s’exprime dans la rue sous plusieurs formes depuis vendredi 22 février, met le pouvoir devant l’obligation de trouver des solutions politiques à la crise.
Pour l’opposition, la balle est dans le camp du président Bouteflika et de son gouvernement. De retour à Alger ce dimanche, après avoir passé deux semaines dans un hôpital à Genève pour des soins, Bouteflika va-t-il annoncer des mesures pour atténuer la tension dans le pays ?
En son absence, des personnalités et des partis de l’opposition ont avancé plusieurs propositions pour faire sortir le pays de l’impasse.
Soufiane Djilali, coordinateur du mouvement Mouwatana, a demandé, ce dimanche 10 mars, au président Bouteflika d’annuler l’élection présidentielle d’avril prochain en reconnaissant son « inaptitude à gouverner » le pays.
Il doit, selon lui, désigner « une personnalité consensuelle » ou un comité qui engagera de larges consultations avec la classe politique et la société civile aux fins de constituer un « Forum national » et de former un gouvernement « neutre et non partisan » dont la durée de mission (entre 6 et 12 mois) sera négociée.
Soufiane Djilali propose également la dissolution du Parlement. Le « Forum national » désignera une personnalité ou un comité qui aura la charge de chef d’Etat. L’élection présidentielle sera préparée durant une période d’une année.
« Une période de transition » limitée dans le temps
Said Sadi, ancien président du RCD, a, lors de son passage dans TSA Direct, mercredi dernier, parlé d’une période de transition qui peut être gérée par des personnalités nationales (comité de sages).
« On ne peut pas laisser la vacance de la représentation symbolique de l’Etat, l’idée c’est de prendre un certain nombre de personnalités qui ont gardé un minimum de crédibilité pour représenter la nation le temps de cette phase de transition, je dis ce que j’entends. Mais en gros, il y a un compromis qui est en train de se dégager autour de tout ça », a développé Said Sadi.
Le RCD demande la démission du chef de l’Etat et de son gouvernement, et la dissolution du Parlement. « (…) Le chef de l’Etat doit démettre son gouvernement et annoncer sa démission pour ouvrir la voie à une période de transition qui a pour but de réunir les conditions à même de donner la parole au peuple sur la nature des institutions qui conviennent à notre société et à notre temps avant d’élire ses mandants », a déclaré le président du RCD Mohcine Bellabas, jeudi 7 mars.
Ali Benflis, président de Talaie Al hurriyet, a appelé l’opposition à taire ses divergences et à se concentrer sur la recherche de solutions consensuelles à la crise actuelle et à réfléchir à « la refondation de l’Etat ». L’opposition, qui s’est réuni à Alger à trois reprises depuis le début de la contestation populaire contre le 5e mandat, à la fin février, a appelé à l’annulation du processus électoral pour aller vers une période de transition étudiée par toutes les parties et limitée dans le temps.
« Aider l’Algérie à développer une économie diversifiée et stable »
L’idéal pour Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs, est d’aller vers l’instauration d’une assemblée constituante et « remettre tout à plat » pour reconstruire les institutions de l’Etat sur de bonnes bases dans l’intérêt du pays.
Des scientifiques, des ingénieurs et des entrepreneurs algériens établis aux Etats-Unis, qui soutiennent le mouvement contre le 5e mandat, ont appelé les Algériens à rester « sereins et unis » et à poursuivre « le combat pacifique » pour une nouvelle Algérie.
« En tant que scientifiques, ingénieurs et entrepreneur(e)s qui ont subi à plusieurs reprises des efforts de marginalisation visant à nous empêcher de contribuer à la construction d’un avenir meilleur pour notre pays, les actions de la population nous donnent de l’espoir et renforcent notre engagement à aider l’Algérie à développer une économie diversifiée et stable, fondée sur la science, la technologie et le respect des institutions à la liberté d’expression », ont-ils écrit.
Du côté de l’Alliance présidentielle, le FLN, resté discret depuis le début de la crise, a laissé entendre que des « contacts » sont engagés actuellement avec « des acteurs politiques » pour trouver une solution à la crise actuelle « avec le minimum de dégâts ». Il n’a pas donné plus de détails mais a prévenu contre « la désobéissance civile ».