« Cette journée, ce n’est pas seulement contre le système, c’est aussi une commémoration ». Le 19 mai 1956, en pleine guerre d’indépendance, l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) lançait un appel à la grève illimitée sur les campus universitaires et dans les lycées. Un mot d’ordre donné par le Front de libération nationale (FLN) largement suivi. Certains grévistes rejoindront même l’Armée de libération nationale (ALN).
Soixante-trois ans plus tard et alors que le mouvement populaire se poursuit, les étudiants sont à nouveau sortis en masse ce dimanche pour célébrer cette date devenue Journée nationale des étudiants et réaffirmer leur désir d’une transition démocratique.
À Alger, le cortège s’est élancé aux alentours de 10h30, à proximité de la fac centrale. Destination la Grande Poste.
Un important dispositif de sécurité, similaire à celui déployé lors du 13e vendredi de mobilisation nationale freine les jeunes gens, qui décident de ruser. Pour contourner la police, ils se replient en courant vers le boulevard Khemisti, empruntent l’avenue Pasteur et s’engagent en direction du tribunal Sidi M’hamed, où le groupe réclame pendant plusieurs minutes une justice indépendante avant de rebrousser chemin. Les étudiants semblaient ensuite vouloir se rendre vers les sièges de l’Assemblée populaire nationale (APN) et de la Wilaya d’Alger comme ils l’ont fait mardi dernier.
Mais cette fois, les forces de l’ordre ont pris leurs précautions. Les axes qui mènent à ces institutions sont barricadés par des fourgons blindés et des agents issus des forces antiémeute. Les bousculades se multiplient. Des gilets orange et d’autres marcheurs plus apaisés tentent de calmer le jeu. Le cortège rebrousse chemin pour repartir vers la Grande Poste.
Les semaines passent mais les slogans restent identiques. Parmi les plus scandés ce dimanche : « Doula madaniya machi laskariya » (« Nous voulons un état civil, pas un état militaire »), « Ulac smah ulac » (« Pas de pardon »), « Djazaïr hora dimokratiya » (« Algérie libre et démocratique »), « Pouvoir assassin ». Le départ des hommes forts du régime (Gaid Salah, Bédoui, Bensalah) est aussi plusieurs fois réclamé.
« Comme en 1956, on est toujours contre les gens qui ne veulent pas que l’Algérie évolue et progresse, rappelle Sihem, étudiante en quatrième année à l’École nationale supérieure d’informatique. Venu de Boumerdès, Aghiles aspire lui « à assurer la continuité de la lutte de [ses] ancêtres ». Les étudiants se sont dispersés autour de 14 heures. Quelques échauffourées ont été observées à la fin de la manifestation.
Une nouvelle journée de mobilisation estudiantine est prévue ce mardi à travers le pays.