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Commémoration du Débarquement de Provence : l’Algérie absente

La France célèbre ce jeudi 15 août le 80e anniversaire du Débarquement de Provence, un événement clé de la Seconde Guerre mondiale qui a accéléré la libération du territoire français et du reste de l’Europe de l’occupation allemande.

Une célébration qui s’inscrit sous le signe des relations de la France avec l’Afrique puisque le gros des troupes qui ont effectué le débarquement est constitué de soldats africains.

Conséquence sans doute de la dégradation des rapports de Paris avec de nombreux pays africains ces dernières années, seuls six chefs d’État et de gouvernement du continent étaient présents à la cérémonie présidée ce jeudi par Emmanuel Macron dans un cimetière du Var.

Il s’agit des présidents camerounais Paul Biya, togolais Faure Gnassingbé, centrafricain Faustin-Archange Touadéra, comorien Azali Assoumani et gabonais Brice Oligui Nguema, ainsi que le chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch. Une quinzaine de dirigeants du continent avaient assisté aux commémorations de 1994, 2004 et 2014.

Commémoration du Débarquement de Provence : l’Algérie était présente en 2004 et 2014

L’Agence France presse a souligné l’absence notable de tout représentant de l’Algérie et des trois pays du Sahel en brouille avec Paris, le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Quarante-huit heures avant la cérémonie, une source diplomatique française avait assuré que des invitations étaient adressées à tous les États africains, y compris à l’Algérie, sans toutefois être en mesure de dire s’il y aura ou pas des représentants algériens à l’événement.

Alger et Paris sont de nouveau en crise depuis fin juillet suite à la décision de la France de s’aligner complètement sur les thèses du Maroc sur le Sahara occidental. Le 31 juillet, l’Algérie a annoncé le retrait de son ambassadeur en France, Saïd Moussi.

En 2004, pour le soixantenaire du Débarquement, l’Algérie avait été représentée au plus haut niveau, par le président Abdelaziz Bouteflika, malgré l’opposition et le bruit qu’avaient fait les milieux nostalgiques de l’Algérie française et les harkis. En 2014, c’est le Premier ministre Abdelmalek Sellal qui a assisté à la cérémonie organisée à Toulon.

Commémoration du Débarquement de Provence : ce que la France doit à l’Afrique

L’importance pour la France du Débarquement de Provence réside dans le fait qu’il a été effectué par des soldats français, ou considéré comme tels, contrairement au débarquement des alliés en Normandie où l’armée française était faiblement représentée.

Pour les historiens, c’est le débarquement du 15 août 1944 qui a permis à la France de faire jeu égal avec les autres alliés dans les discussions après la défaite de l’Allemagne nazie.

Environ 250 000 soldats de l’armée “B”, commandée par le général De Lattre De Tassigny, avaient pris part au débarquement entre les villes de Toulon et Cannes, dont une majorité d’Algériens et de Marocains (150 000 pour les deux nationalités), ainsi que des tirailleurs sénégalais et des troupes du Mali, du Niger, du Burkina Faso et de Tunisie.

Le tribut payé est lourd : 10 000 soldats ont trouvé la mort sur les côtes françaises de la Méditerranée.

En 2019, à l’occasion du 75 anniversaire du Débarquement de Provence, Emmanuel Macron reconnaissait solennellement que “ces combattants africains, pendant nombre de décennies, n’ont pas eu la gloire et l’estime que leur bravoure justifiait ».

Ce jeudi 15 août, le président français a de nouveau rendu hommage à ces hommes qui “s’appelaient François, Boudjema, Harry, Pierre, Niakara“, qui “n’avaient jamais foulé le sol de la métropole” avant d’être envoyés pour libérer la France.

La part d’Afrique en France est aussi ce legs qui nous oblige“, a-t-il reconnu, indiquant que leurs noms “doivent continuer d’être donnés à nos rues, nos places, pour inscrire leurs traces impérissables dans notre histoire“.

“Il n’y aurait pas eu de victoire alliée sans la contribution des autres peuples, sans les étrangers, et autres tirailleurs africains”, a souligné pour sa part le président camerounais Paul Biya, doyen des chefs d’État africains.

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