C’est ce qu’on appelle avoir raison avant tout le monde. En 2016 quand Condor a décidé d’entamer sa stratégie de déploiement à l’international, en ouvrant un showroom en Mauritanie, il ne viendra à l’idée de quiconque de miser un seul centime sur ce pays pauvre de 4 millions d’habitants à peine et au pouvoir d’achat bien faible.
Mais les Benhamadi l’ont fait. Une gageure ? Un pari fou ? Peut être. Mais payant puisque deux ans après, nombre de chefs d’entreprises algériens essaient à leur tour de prendre un pied sur marché de seulement 4 milliards de dollars certes, mais pas si inintéressant que ça.
Fort stratégique même, notamment avec la nouvelle ambition que se sont données les autorités algériennes qui veulent pousser les entreprises à aller à la conquête des marchés de l’Afrique de l’ouest. Question : comment les responsables de Condor ont eu l’idée de s’installer dans un pays ‘’ignoré’’ jusqu’ici par les Algériens ? L’idée leur avait été vendue, par un ressortissant algérien Hocine Chaoui, qui a déposé ses valises à Nouakchott, il y a une quinzaine d’années. C’est un homme pressé et très dynamique.
«Le mérite revins à des Mauritaniens qui ont l’habitude se rendre en Algérie et qui s’étaient ouverts à moi. Puis j’ai proposé l’idée à M. Benhamadi d’ouvrir une représentation de Condor ici à Nouakchott. Très réceptif, il a décidé d’ouvrir en octobre 2016 son premier showroom à l’étranger», se rappelle-t-il, non sans tresser des louanges au groupe Sim qui, selon lui, « a été le premier à faire connaitre le produit algérien auprès des Mauritaniens ».
Et de poursuivre : « dès le départ le produit Condor est accepté. Tous les Mauritaniens qui se rendaient en Algérie le connaissaient. C’était quelque peu facile pour nous de prendre pied sur le marché mauritanien et à gagner notre place parmi des concurrents, asiatiques surtout, qui ont une présence de plus de 25 ans. Vendre 300 à 500 climatiseurs par an ce n’est pas à la portée de n’importe qui».
Infatigable, cet algérois originaire d’Azeffoun qui a ses entrées partout dans le pays, se démène comme un diable pour imposer la marque Condor. Pas loin que mercredi 24 octobre, il a pu décrocher une autorisation pour s’installer dans la zone franche de Nouadhibou.
« Nos produits seront en hors taxes, donc ils seront moins chers et plus concurrentiels en 2019», explique-t-il. Autre cadre de Condor à être pour quelque chose dans l’aboutissement du projet de l’implantation du groupe de la famille Benhamadi en terre mauritanienne, son directeur à l’export, Smaïl Cherdoune qui est, comme M. Chaoui, un jeune qui ne rechigne pas à la tache.
« On est la première société algérienne à ouvrir un showroom en Mauritanie avec une gamme de produits variés. Depuis, notre business se développe d’un mois à l’autre et le chiffre d’affaires évoluait progressivement. Et le plus important sur ce marché c’est la continuité des commandes », explique-il, non sans fierté.
Les atouts qui ont permis à son entreprise de se frayer une place au soleil parmi des concurrents bien aguerris ? « Le rapport qualité/prix et surtout notre SAV (service après-vente) et le transport pour le client final que les autres marques n’assurent pas», rétorque M. Cherdoune.
Le groupe Condor tisse sa toile, en Mauritanie. Les ressorts qui ont permis au groupe privé de prendre son envol ? « Le travail, le respect de la parole et la confiance. C’est-à-dire les valeurs traditionnelles de la société algériennes », résume son président du Conseil d’administration Abderrahmane Benhamadi.