Le gouvernement marocain a intensifié sa stratégie de lobbying auprès de l’Union européenne à l’approche de la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui doit se prononcer le 27 février prochain sur la validité de l’accord de pêche signé entre le Maroc et l’UE, rapporte le site Maghreb Confidentiel.
Le Maroc a notamment engagé les services de l’ESL European Affairs (ESL EA), la filiale bruxelloise du cabinet français de lobbying ESL & Network d’Alexandre Medvedowsky, afin de préparer la visite prochaine du ministre marocain de l’Agriculture, Aziz Akhannouch à Bruxelles.
ESL & Network s’est récemment implanté au Maroc, et l’une des associées en charge du dossier de l’accord agricole à Bruxelles est d’ailleurs la Franco-Marocaine Najwa El Haïté, précise la même source. Elle avait déjà collaboré avec le cabinet par le passé pour l’obtention de l’organisation de la conférence environnementale à Marrakech en 2015.
Le cabinet ESL vient en remplacement du cabinet britannique GPlus, qui gérait jusque-là le lobbying marocain auprès de l’UE depuis 2014 lorsque le Polisario a lancé les procédures judiciaires à l’encontre de l’accord agricole, explique la même source. GPlus employait notamment l’ancien ambassadeur de l’UE au Maroc Bruno Dethomas sur ce dossier.
Pour avoir gain de cause sur le dossier de l’accord agricole le liant à l’Union européenne, le Maroc et ses lobbyistes prévoit notamment de s’appuyer sur un rapport d’évaluation dudit accord commandité par la direction de la pêche de la Commission aux cabinets F&S Marine, Poseidon Aquatic Resource Management et Megapesca, rapporte Maghreb Confidentiel.
Publié en septembre dernier, le rapport souligne que 66% des appuis sectoriels versés par l’UE au Maroc dans le cadre de l’accord de pêche, soit 36,9 millions d’euros, sont allés au Sahara occidental. En outre, « 75% des impacts socio-économiques [de l’accord] sont au bénéfice » de la région, affirme le rapport. Pour rappel, le Sahara occupé pèse pour environ les deux tiers de l’industrie de la pêche marocaine.
Les lobbyistes du Maroc attendent également « avec impatience » la parution, dans les prochains jours, d’une tribune signée par l’avocat parisien Jean- Jacques Neuer, selon la même publication. Cherchant à se placer sur ce très stratégique dossier, le médiatique avocat estime que la position de l’avocat général de la CJUE Melchior Wathelet, en porte-à-faux avec les décisions de l’Exécutif européen, pose un problème fondamental d’équilibre des pouvoirs.