Les opérations d’évacuation de civils se sont achevées en Syrie. Des milliers de personnes ont été déplacées depuis des villes assiégées vers des zones pro-gouvernementales ou pro-rebelles, selon leur allégeance.
Ces évacuations ont été décidées après un accord entre le Qatar, l’Iran et le Hezbollah, après des négociations qui ont porté sur la libération de 26 chasseurs aux faucons qataris pris en otage depuis un an et demi en Irak, rapporte, ce samedi, Le Monde, citant le quotidien britannique The Gardian.
Vendredi, ces 26 chasseurs qataris, parmi lesquels des membres de la famille royale, ont été libérés après avoir été retenus captifs en Irak depuis décembre 2015, selon la même source. Ils avaient été kidnappés dans une zone chiite au sud de l’Irak, où ils avaient la permission officielle de se livrer à la chasse au faucon. Vendredi aussi, deux otages saoudiens ont également été libérés.
Les 26 Qataris ont été remis à une délégation qatarie venue à Bagdad, puis ramenés vers Doha dans un jet privé, selon un porte-parole du ministère qatari de l’Intérieur. L’émir du Qatar les a accueillis en personne.
Dès décembre 2015, le Qatar avait annoncé avoir envoyé des officiels de haut niveau pour négocier la libération de ses ressortissants. Le kidnapping n’avait pas été revendiqué, mais les soupçons avaient vite porté sur des milices chiites qui accusaient le Qatar d’ingérence dans les affaires irakiennes et de complicité avec les islamistes sunnites. Le Qatar est un soutien de longue date des rebelles syriens contre le gouvernement de Bachar al-Assad.
Pour obtenir la libération de ses ressortissants, le Qatar aurait versé une rançon de plusieurs millions de dollars. Samedi, des officiels qataris sont arrivés à Bagdad portant de lourds sacs dont ils ont interdit l’inspection.
Des officiels irakiens ont dit croire que ces sacs contenaient des millions de dollars de rançon qui allaient être payés à la milice irakienne Ketaeb Hezbollah et à deux groupes syriens qui ont aidé à sécuriser l’échange, Hayat Tahrir al-Sham et Ahrar al-Sham, rapporte The Guardian.
La libération de ces otages a fait partie d’une vaste négociation régionale, a indiqué à l’AFP une source qui a demandé à garder l’anonymat. Cette négociation a inclus l’évacuation de civils en Syrie, et a impliqué le Qatar, l’Iran et le Hezbollah libanais. Le régime syrien n’a pas été impliqué, selon The Guardian. Des discussions au sujet de l’évacuation de civils en Syrie auraient eu lieu dès le 8 mars, lors de la visite au Qatar du ministre des Affaires étrangères iranien.
Le Premier ministre irakien n’aurait quant à lui joué qu’un rôle très limité dans les négociations, voire aucun, selon le New York Times. M. al-Abadi avait affirmé cette semaine que les chasseurs qataris "auraient dû être directement protégés par le ministère de l’Intérieur« et que leur kidnapping était »une insulte à l’Irak et à son peuple", des propos interprétés comme une critique voilée du rôle joué par l’Iran dans le pays.
Après la libération des otages, l’ancien ministre des Finances irakien, Hoshyar Zebari, a tweeté : "La libération de chasseurs qataris en Irak après 16 mois de captivité par un groupe armé pro-iranien et chiite du Hezbollah est une parodie d’un Irak souverain", selon Al Jazeera.
L’évacuation a démarré la semaine dernière. Des centaines de personnes de deux villages d’Idlib, assiégés par les rebelles, ont été emmenées à Alep, à présent sous plein contrôle du gouvernement syrien.
Le processus d’évacuation a été ralenti par l’attaque à la voiture piégée, le 15 avril à Rashidin, qui a fait 126 morts, dont plus de 60 enfants.
Le président Bachar Al-Assad a jeté la responsabilité de cette attaque sur le front al-Nusra, selon RIA Novosti.
Au Nord du pays, les civils des villes chiites de Fouaa et Kefraya, contrôlées par le régime et assiégées par les rebelles, ont été amenés à Alep. En échange, deux villes rebelles du centre du pays, Madaya et Zabadani, assiégées par l’armée syrienne, ont été évacuées vers des territoires rebelles. Madaya et Zabadani sont ensuite revenues sous contrôle du gouvernement.
Selon Mohammed Abo Zayd, porte-parole d’Ahrar al-Sham, l’accord a aussi inclus la libération de 750 prisonniers retenus par le gouvernement syrien. Ces prisonniers doivent être amenés vers des territoires rebelles.
Pour Jan Egeland, conseiller humanitaire en Syrie pour les Nations Unies, ces évacuations suivent une logique militaire et non humanitaire. "Les sièges devraient finir en étant levés, pas avec des lieux vidés de leur population", a-t-il déploré.