Sonatrach est une « vieille dame ». L’aveu est de son PDG Abdelmoumen Ould Kaddour qui a réaffirmé, ce jeudi, lors d’une visite aux infrastructures de la société à Bejaia, sa volonté de la rajeunir, de « lui donner plus de jouvence ».
Sa recette ? Le programme de développement qu’il a initié et dont il a déjà donné des détails lors de précédentes conférences de presse, le plan SH 2030.
Une situation difficile à laquelle il faut remédier
Selon les dires des cadres dirigeants et du PDG qui sont intervenus ce jeudi lors de la conférence donnée à Bejaia, Sonatrach est confrontée à des difficultés importantes. Parmi elles : l’épuisement des gisements qui sont en « dépression », des découvertes qui ne permettent pas de « reconstituer totalement les réserves », « un environnement en évolution, difficile et contraignant » et des « déperditions dans les ressources humaines » qu’a connues la société ces dernières années, selon M. Abbas, cadre de la Société de Transport d’Hydrocarbures dont le siège a été une des stations de la visite du PDG de Sonatrach ce jeudi.
Ces difficultés représentent un défi selon le cadre de Sonatrach pour qui la vision de la compagnie pour les années à venir « SH 2030 » se décline en deux temps. Le premier concerne les cinq prochaines années pendant lesquelles Sonatrach « devra redresser ses fondamentaux à travers une amorce profonde d’une transformation de ses activités, de ses processus clés et de sa culture pour passer après cet horizon, de la compétence à l’excellence ».
Rajeunir et digitaliser Sonatrach
Les objectifs du plan SH 2030 sont des plus ambitieux. Ils visent ni plus ni moins à faire de Sonatrach « une des cinq plus grandes compagnies pétrolières nationales du monde », selon M. Abbas qui a détaillé, lors de son intervention, les principaux axes sur lesquels va s’appuyer cette stratégie de développement.
Sonatrach souhaite rajeunir et devenir plus compétitive, plus productive et plus rentable, et pour se faire, elle compte limiter les dépenses, motiver son personnel, notamment ses cadres et surtout, augmenter sa production, ses découvertes de gisement et optimiser la gestion de ses projets.
Selon M. Abbas, les axes sur lesquels la stratégie de Sonatrach s’appuiera désormais reposeront sur plusieurs piliers dont une amélioration de la gestion des ressources humaines, le renforcement des capacités HSE (Hygiène, sécurité et entretien), la digitalisation du fonctionnement de l’entreprise grâce, notamment, à la mise en place d’un « cloud privé », d’un système d’e-learning (enseignement à distance électronique) qui permettra à tous les travailleurs de Sonatrach de partager entre eux leur savoir-faire et leurs connaissances, en plus d’autres solutions modernes qui permettront de « piloter l’entreprise et d’accélérer la prise de décision et de permettre une communication optimale entre différents individus et salariés de l’entreprise et réduire les coûts de gestion et d’exploitation ».
Les cadres de l’entreprise, ses managers et ses travailleurs seront motivés par des mécanismes de promotion et d’évolution des carrières nouveaux, selon M. Abbas qui a indiqué lors de son élocution que la société fait à ses salariés trois promesses.
La première concerne la mise en place de « filières à travers lesquelles les carrières seront développées », avec « plus de visibilité ». La deuxième promesse est de faire en sorte que les parcours de carrière soient « organisés » de sorte que « les salariés voient lorsqu’ils rentrent à Sonatrach quels sont les chemins par lesquels ils peuvent passer durant toute leur carrière ».
La troisième promesse est « le suivi de la performance » et la mise en place d’une « rémunération variable pour récompenser les résultats exceptionnels ». Des promesses et des mesures qui laissent penser que la compagnie pétrolière nationale souhaite avant tout investir dans ses travailleurs.
Des objectifs ambitieux
Dans son plan de développement qu’on pourrait plutôt qualifier de plan de sauvetage, puisque le PDG de Sonatrach a reconnu lui-même, même à demi-mot, que l’entreprise traverse des difficultés, le groupe a identifié des objectifs chiffrés pour l’ensemble de ses activités. Des objectifs que M. Abbas a identifiés.
Sonatrach veut doubler le volume annuel des découvertes à l’horizon 2021-202 et doubler la productivité de ses RIG et éviter 3 milliards de dollars de manque à gagner grâce à une gestion rigoureuse de ses produits, selon M. Abbas.
L’entreprise compte également produire 2 millions de TEP par an sur les champs existants et ce, grâce à « l’optimisation de la production », a expliqué le cadre de Sonatrach qui a également annoncé que l’objectif de l’entreprise nationale est de produire 20 milliards de mètres cubes de gaz non-conventionnel (gaz de schiste) d’ici 2030 et « atteindre un plateau de 70 milliards à l’horizon 2040 ».
Cette déclaration du responsable de la STH confirme la volonté de Sonatrach et de l’État algérien à aller vers une exploitation intensive du gaz de schiste malgré les objections de la société civile, notamment dans le sud et les hauts-plateaux.
Le raffinage, maillon faible de l’Algérie
L’Algérie est un pays pétrolier et gazier classé parmi les plus grands producteurs mondiaux mais malgré cela, elle continue à importer deux milliards de dollars de carburants et autres produits de raffinage, selon le PDG de Sonatrach, pour qui cet état de fait est une « anomalie économique incroyable, inacceptable ».
La solution à cette « anomalie incroyable » est, selon Ould Kaddour le raffinage de brut algérien à l’étranger, d’abord dans des raffineries appartenant à des tiers comme c’est le cas actuellement (le PDG a visité ce jeudi un terminal pétrolier à travers lequel un chargement de brut algérien destiné au processing en Italie pour fabriquer du carburant qui sera ramené en Algérie) et, dans un deuxième temps, dans une raffinerie algérienne située à l’étranger lorsque celle d’Augusta acquise par Sonatrach, sera mise e service.
En plus du développement de sa capacité de raffinage, de production et de prospection, Sonatrach souhaite se projeter à l’étranger pour profiter de son expertise et gagner d’autres marchés, selon M. Abbas qui a annoncé que la compagnie algérienne est intéressé par des gisements irakiens et boliviens.