Hier, mercredi 14 février, le succès retentissant du Real Madrid face au Paris Saint-Germain (3-1) en huitième de finale aller de la Ligue des Champions s’est en partie joué sur le banc des entraîneurs.
Au coup de sifflet final, on retenait les deux buts inscrits des Madrilènes en l’espace de trois minutes. On retenait, encore, l’effondrement des Parisiens dans les derniers instants de la rencontre, les premiers pourtant à avoir ouvert le score.
Mais on soulignait également la maîtrise tactique de Zinédine Zidane. Dans ce domaine, le technicien français d’origine algérienne a surclassé son homologue parisien, Unai Emery.
Dans la philosophie de jeu
Tandis qu’en première période, le jeu parisien souffrait d’un bloc équipe pas assez agressif et déséquilibré notamment en raison d’un milieu de terrain assiégé devant sa défense, les Madrilènes avaient la possession du ballon.
S’ils se créaient les occasions les plus franches, les hommes de Zidane ne parvenaient cependant pas à ouvrir le score et encaissaient un but d’Adrien Rabiot un peu contre le cours du jeu (0-1, 33e minute).
Mais à la toute fin de ce premier acte, notamment après une frappe dangereuse de Karim Benzema, Cristiano Ronaldo transformait un penalty provoqué par Toni Kroos (1-1, 45e). Le Portugais remettait ainsi les deux équipes à égalité.
Dans les choix tactiques
Des choix forts, Unai Emery en a fait. À la surprise générale, le coach parisien titularisait en défense centrale le jeune Français Presnel Kimpembe au détriment de l’expérimenté Thiago Silva, capitaine critiqué pour sa faiblesse morale dans les matchs à grands enjeux.
Le technicien ne s’arrêtait pas à cette seule surprise puisqu’il confiait le poste de sentinelle au jeune Argentin Giovanni Lo Celso, 21 ans et autant de matchs joués cette saison avec le club de la capitale. Si son premier choix n’est pas forcément contestable, sa décision de titulariser Lo Celso à la place de Lassana Diarra lui a été préjudiciable.
Positionné devant la défense, l’Argentin a enchaîné les mauvais choix et provoqué le penalty qui a coûté l’égalisation à son équipe. Même si sa seconde période a été meilleure, après avoir avancé d’un cran, Emery aurait dû le remplacer bien avant la 84e minute de jeu.
Une incompréhension à laquelle il faut encore ajouter la décision de remplacer prématurément Edinson Cavani. Alors que durant une partie de la deuxième mi-temps, le PSG avait la main mise sur le jeu, l’ex-coach du FC Séville faisait le choix de sortir son attaquant vedette pour faire entrer Thomas Meunier, un défenseur (65e). Certes, Cavani n’était pas dans un grand soir, mais un buteur de sa trempe est capable d’enfiler un but jusqu’aux derniers souffles d’un match. Par ce changement, Emery annihilait toute aspiration à la victoire.
Une incohérence – ou une ambition réduite – à laquelle Zidane répondait par une orchestration beaucoup plus efficace. Après avoir titularisé Isco, auteur d’un match probant, à la place de Gareth Bale, l’ex-meneur de jeu de l’équipe de France faisait entrer le Gallois à la place de Benzema (68e), ni mauvais ni transcendant.
À la différence d’Emery, ZZ ne souhaitait visiblement pas se contenter d’un nul et faisait feu de tout bois pour décrocher la victoire. À un peu plus de dix minutes de la fin du temps réglementaire, il lançait Lucas Vazquez et Marco Asensio, deux autres de ses atouts offensifs pour faire basculer la rencontre.
Des choix décisifs puisque Asensio était à l’origine du centre mal repoussé par le portier parisien, ce qui donnait l’occasion à Cristiano Ronaldo de donner l’avantage aux siens d’un but de la cuisse (2-1, 82e), signant là un doublé. Puis trois minutes plus tard, c’était encore lui, Asensio, qui délivrait un nouveau centre, cette fois pour l’excellent Marcelo, qui enfonçait le clou (3-1, 85e).
Après ce succès, Zidane déclarait au micro de BeIn Sports : « C’est un résultat très positif et mérité. Nous avons aussi fait un grand match, du début à la fin. Sur l’ensemble de la rencontre, le résultat est logique. »
Emery, lui, tendait à se réfugier derrière des incriminations envers l’arbitre, qui, c’est vrai, n’a pas été exempt de tout reproche : « Le match a été maîtrisé avec des occasions de marquer. Mais je crois que l’arbitre a fait des petites choses, qui ont eu pour conséquence de grandes choses, comme la main de Sergio Ramos qui aurait dû faire penalty pour nous, les cartons jaunes et l’action de Kimpembe qui aurait dû valoir faute… L’arbitre a été plus (en faveur) du Real. Il reste 90 minutes. Je crois en notre équipe, on a la possibilité de faire souffrir le Real », confiait-il au micro de Bein Sports.
Le 6 mars prochain, le PSG recevra le Real pour la confrontation retour. Sans doute l’ex-entraîneur du FC Séville, qui n’a jamais gagné à Bernabeu, gardera en mémoire la leçon tactique que lui a dispensée Zidane. Celle d’un entraîneur double vainqueur de la Ligue des Champions (en 2016 et 2017), à un triple vainqueur de la moins prisée Ligue Europa (2014,2015, 2016), sa petite sœur. Celle, pourrait-on dire plus clairement, d’un maître à son élève.