Plus de deux mois après la décision de l’Algérie de suspendre le Traité d’amitié avec l’Espagne, le commerce avec ce pays est toujours suspendu. A l’exception du gaz, les transactions commerciales entre les deux pays n’ont pas encore repris, selon Smail Namane, le président de l’association des opérateurs économiques algériens (ANOEA).
La décision de geler les domiciliations bancaires des opérations d’importation et d’exportation de biens et de services de et vers l’Espagne a été prise le jour même de l’annonce de la suspension du Traité d’amitié avec ce pays, selon une note de l’Association des banques et établissements financiers (Abef), révélée par de nombreux médias.
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Plus de deux mois après, le statu quo persiste. Pourtant, le 28 juillet, l’Abef a adressé une note aux banques pour les informer de la levée du gel du commerce entre l’Algérie et l’Espagne. Une décision qui n’a pas eu d’effet.
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Deux jours après , le 30 juillet, l’Abef a été désavouée publiquement et violemment par l’Agence de presse service (APS) qui, dans une dépêche, a nié toute « reculade de l’Etat » dans ce dossier. Le gouvernement continue de garder le silence. Depuis, c’est le statu quo. “Ceux qui s’attendaient à la reprise des transactions ont été déçus. Les importations algériennes à partir de l’Espagne n’ont pas encore repris », assure Smail Namane dans une déclaration à TSA.
« Les opérateurs qui ont effectué des domiciliations bancaires avant le 9 juin (date de la publication du communiqué de l’Abef, suspendant les domiciliations bancaires des opérations bancaires de et vers l’Espagne, NDLR) ont vu leurs marchandises débloquées”, affirme le président de l’association des importateurs algériens.
Pour les opérateurs algériens, la recherche de nouveaux fournisseurs en dehors de l’Espagne a commencé au lendemain de la décision de suspension du commerce avec ce pays.
L’Espagne divisée
“Entre nous et l’Espagne, il n’y a aucun échange. Pour ce qui nous concerne, nous explorons d’autres destinations. Des opérateurs importent du Portugal, de l’Italie, de France, etc. Mais ces destinations ne remplacent pas le produit espagnol en qualité/prix », affirme Smail Namane.
La décision de l’Algérie de suspendre le Traité d’amitié et le commerce avec l’Espagne a été prise en représailles au revirement historique du gouvernement espagnol sur la question du Sahara occidental.
Ce changement de position, qui a été annoncé le 18 mars par le cabinet du roi Mohamed VI, a plongé les relations entre l’Algérie et l’Espagne dans une grave crise. Outre l’arrêt des importations qui pénalisent les exportateurs espagnols, la détérioration des relations entre les deux pays a eu un effet négatif sur le prix du gaz en Espagne.
L’Algérie a décidé de revoir à la hausse les prix du gaz fourni à l’Espagne qui a perdu dans la foulée sa position de premier acheteur du gaz algérien.
En Espagne, le changement de position sur le Sahara occidental ne fait pas l’unanimité. Deux partis de l’opposition ont réclamé le rétablissement des relations avec l’Algérie pour garantir des prix du gaz à la baisse.
“Nous devons prendre soin des relations diplomatiques avec des partenaires stratégiques, l’Algérie en tête, qui représentait 40 ou 50% du gaz, car notre économie en dépend, et s’ils ferment le robinet de gaz, cela peut avoir un impact énorme et des conséquences désastreuses pour nous », a déclaré Mireia Borrás Pabón du parti Vox.