L’Algérie et l’Espagne sont en crise politique depuis mars dernier, avec comme principale conséquence économique le gel du commerce entre les deux pays à partir de juin.
Près de six mois après, les choses n’ont pas bougé. Les échanges entre les deux pays demeurent réduits à la seule vente du pétrole et du gaz algérien.
Avant la crise, les exportations d’hydrocarbures constituaient la moitié des échanges entre l’Algérie et l’Espagne, estimés à 6,5 milliards de dollars (chiffres de 2021).
La grave brouille entre Alger et Madrid a fait suite à la décision du gouvernement espagnol de changer radicalement de position sur la question du Sahara occidental en apportant son soutien au plan d’autonomie marocain.
L’Algérie a réagi en prenant plusieurs mesures, dont la suspension du Traité d’amitié algéro-espagnol, vieux de 20 ans, et le gel des opérations de commerce extérieur entre les deux pays, n’autorisant que la poursuite des exportations d’hydrocarbures.
Cette dernière mesure a particulièrement fait mal aux opérateurs espagnols, ce qui a valu de vives critiques du monde économique et de l’opposition politique au président du gouvernement socialiste, Pedro Sanchez.
Entre juin et septembre, l’Espagne a accusé un manque à gagner de 487 millions d’euros par rapport à la même période de 2021 où ses entreprises avaient expédié pour 625 millions de marchandises vers l’Algérie. Les chiffres sont du ministère espagnol du Commerce.
Seules quelques entreprises arrivent à contourner le blocage en faisant transiter les produits espagnols par d’autres pays, avec toutefois des surcoûts supplémentaires.
Même si les Espagnols continuent à recevoir du pétrole, et surtout du gaz algérien, ils le payent toutefois plus cher après la décision de la compagnie algérienne Sonatrach de renégocier les tarifs appliqués sur les contrats de long terme.
Crise avec l’Espagne : les entreprises algériennes impactées
L’institution de la mesure du gel n’a pas fait l’objet d’une communication officielle des autorités algériennes. Elle a été contenue dans une note aux banques commerciales de l’Association des banques et établissements financiers (Abef).
La même association a notifié, fin juillet, aux banques la levée du blocage, mais elle a été désavouée par une dépêche de l’agence officielle APS.
Depuis, « c’est le statu quo », indique dans une déclaration à TSA le président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-espagnole (CCIAE), Djamal-Eddine Bouabdallah.
« C’est le gel complet, il n’y a pas eu la moindre petite ouverture. On a entendu en juillet que l’Abef avait autorisé de nouveau les échanges entre l’Algérie et l’Espagne et autorisé les banques à ouvrir les domiciliations, finalement ça a été démenti par l’APS. Depuis, il n’y a rien du tout, absolument rien », assure-t-il.
Bouabdallah ne donne pas de chiffre précis, mais confirme que le niveau des échanges entre l’Algérie et l’Espagne a « sensiblement baissé » et que « de nombreux secteurs ont été touchés ».
Il cite l’engineering, la pièce détachée, les produits chimiques, « notamment pour les usines de dessalement », l’industrie agroalimentaire, « à l’image de Jumbo qui est une entreprise espagnole installée en Algérie », la céramique « qui a connu également un arrêt net », le bœuf d’engraissement…
De nombreuses entreprises espagnoles activant dans ces secteurs et réalisant une partie de leurs chiffres d’affaires en Algérie ont été pénalisées par le blocage, qui a eu aussi des conséquences sur les entreprises algériennes.
Djamal-Eddine Bouabdallah assure même que « ceux qui sont coincés sont beaucoup plus les entreprises algériennes qui importaient leurs intrants d’Espagne ».