À court d’arguments, les soutiens occidentaux d’Israël dans sa guerre contre Gaza s’imitent et se copient mutuellement, pour répéter la même rengaine. Au point où un ancien président français en arrive à calquer ses propos sur ceux du président du CRIF en personne. La sortie de François Hollande (2012-2017) ne passe pas en France.
C’est une rengaine du début de la guerre, qu’on croyait oubliée, qui a subitement refait surface en France à l’occasion d’un hommage rendu par le président Emmanuel Macron aux 42 « victimes françaises » de l’opération menée le 7 octobre dernier par le Hamas palestinien.
La cérémonie a eu lieu mercredi 7 février à la cour d’honneur des Invalides à Paris, quatre mois jour pour jour après l’opération du Hamas. Le président français a évoqué « le plus grand massacre antisémite de notre siècle ».
« Toutes les vies se valent, inestimables aux yeux de la France », a déclaré Emmanuel Macron, sans toutefois condamner le massacre de 27.000 Palestiniens de Gaza sous les bombardements de l’armée israélienne.
Dans les premières semaines de la guerre, certaines voix en France notamment de l’extrême droite avaient refusé de mettre sur un même pied d’égalité les morts israéliens et palestiniens, arguant que les seconds sont des « victimes collatérales » qui n’ont pas été tuées intentionnellement.
Même avec 27 000 morts parmi les Palestiniens dont une majorité de femmes et d’enfants, il y en a encore qui continuent à voir deux collèges de morts dans la guerre de Gaza.
Jonathan Arfi président du CRIF, le conseil représentatif des institutions juives de France, n’étonne pas quand il avance qu’il n’y a pas d’ « équivalence morale » entre des « victimes du terrorisme » et des « victimes collatérales civiles qui n’ont pas été visées délibérément ».
Gaza : François Hollande et le président du CRIF tiennent les mêmes propos
« Bien sûr, l’humanité oblige de regarder chaque vie de la même manière, mais le sens politique… Une vie est une vie bien sûr… », s’est confondu le président du Crif sur France Inter.
Néanmoins, personne sans doute n’attendait qu’un ancien président de la République lui emprunte quasi simultanément son raisonnement et même ses mots.
« Ça ne peut pas être le même hommage. Une vie est une vie et une vie est équivalente à une autre vie. Mais il y a les victimes du terrorisme et les victimes de guerre », a répondu François Hollande à une question de France Info de savoir s’il ne faut pas organiser aussi un hommage aux victimes palestiniennes.
« Vous êtes dans une guerre, vous êtes une victime collatérale. On peut dire qu’il y a des situations humanitaires intolérables qui se passent à Gaza, mais ce n’est pas de même nature », a-t-il insisté.
Cette manière de hiérarchiser les victimes a suscité un tollé en France.
« Plus de 27 000 Palestiniens ont été tués et des milliers d’autres sont sous les décombres. Il n’y a pas deux catégories de morts, jamais ! », s’est indigné Jean-Luc Mélenchon sur X.
« François Hollande est un raciste », a carrément accusé l’écrivaine et militante antiraciste Fatima Ouassak.
Une « justification » qui relève de « l’indécence absolue », a jugé pour sa part le député Aymeric Caron.