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Condamnation du journaliste Khaled Drareni : les réactions

Condamnation du journaliste Khaled Drareni : les réactions

La condamnation du journaliste Khaled Drareni ce lundi 10 août par le tribunal de Sidi M’hamed (Alger) à trois ans de prison ferme et 50 000 dinars d’amende, suscite des réactions d’indignation.

Jugés dans la même affaire, les militants Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche ont écopé de deux ans dont quatre mois ferme et d’une amende de 50 000 DA. Ces condamnations suscitent de nombreuses réactions.

Me Zoubida Assoul, membre du collectif de défense, dénonce un « acharnement ». « On est sous le choc. Dans le pire des cas, on s’attendait à une requalification, parce que la loi interdit de donner plusieurs qualificatifs à un seul fait. Ensuite, étant journaliste, Khaled Drareni n’a commis aucune infraction. Il n’a fait que son métier de journaliste en couvrant les manifestations pacifiques. Il l’a dit pendant l’audience, il couvrait même les manifestations qui appelaient aux élections. C’est un acharnement particulièrement contre Khaled Drareni », a réagi l’avocate dans une déclaration à TSA juste après avoir pris connaissance du verdict.

L’avocate fait remarquer surtout que c’est la première fois depuis le début du hirak, qu’une peine aussi lourde est prononcée. « C’est la condamnation la plus élevée depuis le commencement du hirak. La justice est aujourd’hui mise à mal, parce qu’elle fait tout sauf dire le droit. Dans le dossier de Khaled, il n’y a rien qui fait qu’il mérite d’être en détention depuis plus de quatre mois et encore moins de le condamner à trois ans ferme », dit-elle.

Pour l’avocate, il s’agit d’une « condamnation politique », rappelant que « Khaled Drareni est le seul prévenu dont le chef de l’Etat a parlé. Je me rappelle très bien de ses déclarations, il lui avait même rajouté d’autres chefs d’inculpation qui n’existent pas dans le dossier (…) C’est la traduction justement de la déclaration du chef de l’Etat. On l’a sentie dans le réquisitoire et les questions de la présidente. C’est une condamnation purement politique et une décision politique », dénonce Zoubida Assoul.

Me Benissad : « Les accusations étaient infondées »

Noureddine Benissad, membre du collectif de défense et président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme (LADDH), relève de son côté que les poursuites étaient « infondées ».

« Nous allons évidement relever appel de ce jugement très sévère. Les poursuites étaient infondées aussi bien pour Hamitouche, Benlarbi que pour Drareni. Pour les deux premiers, leur seul tort est d’avoir été présents à une manifestation parmi des milliers de personnes. Drareni n’a fait que couvrir la manifestation en tant que journaliste », dit-il.

Pour Me Benissad, l’accusation n’a apporté aucune preuve sur les faits qui leur sont reprochés. « Le concept d’attroupement est mis en avant pour ne pas leur reprocher le droit de manifester et l’atteinte à l’intégrité du territoire national est une infraction politique, d’ailleurs contraire au principe constitutionnel de légalité qui consiste à définir une infraction d’une manière précise pour éviter toute interprétation élastique et abusive. Pour Drareni, on ne lui a pas appliqué la loi organique sur l’information car tous les faits qu’on lui reproche sont régis par cette dernière qui, au demeurant, le protège et ne prévoit aucune sanction pénale. On a contourné la loi sur l’information pour lui appliquer le code pénal. Nous continuerons nos plaidoyers jusqu’à sa libération », estime-t-il

« Une persécution judiciaire » pour RSF

Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) a également réagi à chaud. Il a qualifié de « persécution judiciaire » la condamnation de Drareni.

« Cette décision soulève le cœur et l’esprit par son caractère arbitraire, absurde et violent », a tweeté Christophe Deloire.

« Il s’agit clairement d’une persécution judiciaire contre un journaliste qui est l’honneur de son pays », dit-il. Selon lui, la condamnation du correspondant de son ONG en Algérie va susciter une indignation mondiale. « Une justice aux ordres vient de faire de Khaled Drareni un symbole qui va susciter une indignation et une mobilisation mondiales », prédit-il.

Mohcine Belabbas, président du RCD : « (…) La répression politique par l’instrumentalisation de la justice et des magistrats a atteint le summum de l’intolérable et de l’entendement avec la condamnation du journaliste Khaled Drareni à trois années de prison ferme pour des accusations farfelues. »

Pour lui, « au-delà des personnes injustement emprisonnées et privées de leurs libertés, ce sont les valeurs et les causes qu’ils défendent que ce pouvoir cible en priorité. Rien que pour tout cela, la révolution entamée en février 2019 doit être menée à son bout. Il y va de l’avenir de l’Algérie. »

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