Pour sa première conférence de presse en tant que Premier ministre, qu’il a donnée en duo avec son vice-premier ministre, Ramtane Lamamra, Noureddine Bedoui n’a pas convaincu.
Aux nombreuses questions posées par les journalistes de la presse algérienne et étrangère, Bedoui n’a fait qu’esquiver et éviter l’essentiel, en usant de formules vagues et de généralités.
Aux questions concernant les entraves à la liberté de circuler imposées à certains citoyens et même candidats à l’élection présidentielle et les pressions sur la presse, notamment les chaînes de télévision privées El Bilad et Chourouq qui se sont vues privées de publicité Anep lorsqu’elles ont commencé à couvrir le mouvement populaire contre le cinquième mandat, Bedoui s’est contenté de généralités, sans aucun engagement, ni parti pris.
Donnant l’impression d’être dépourvu des prérogatives nécessaires pour répondre à ces questions lors de la conférence de presse, le nouveau Premier ministre a opté pour l’esquive, sans succès.
« Je suis également sûr que les propositions et les décisions prises par la conférence nationale en ce qui concerne ces valeurs qui permettent au journaliste de jour son rôle de la meilleure façon », a-t-il répondu.
Lorsqu’un journaliste est revenu sur ces questions en rappelant leur caractère urgent, Noureddine Bedoui a de nouveau reporté le traitement de ces problèmes mais à la formation du gouvernement.
« En ce qui concerne ces questions urgentes, nous les étudierons dès que le gouvernement sera formé », a-t-il dit, sans donner de date précise à laquelle la composition de ce gouvernement sera rendue publique. « La semaine prochaine, fin ou début de semaine prochaine, le gouvernement sera formé car nous n’avons pas de temps, nous voulons aller vite et concrétiser cette vision future de l’Algérie », a-t-il affirmé à ce sujet.
Le sujet principal de la conférence de presse était, pour Bedoui, la Conférence nationale annoncée dans la dernière lettre du président Bouteflika. Il en a énormément parlé mais sans donner d’informations précises la concernant. La mise en place des outils nécessaires pour la tenue de la Conférence nationale commencera « dès la formation du gouvernement », a annoncé Bedoui.
La composition de cette conférence, son mode de fonctionnement, la sélection de ses membres, la façon dont sera assurée sa représentativité de la société algérienne ont été les sujets de nombreuses questions des journalistes qui n’ont obtenu aucune réponse claire de la part de Bedoui.
La conférence nationale a servi à Noureddine Bedoui pour évacuer toutes les questions importantes, urgentes ou graves, y compris celle de l’engagement inédit des magistrats algériens dans le mouvement populaire de contestation. « Les juges sont une partie de cette société et nous respectons leurs avis et nous disons que cette Algérie est ouverte à leurs propositions dans le cadre de cette conférence nationale et à tous les représentants de la société algérienne », a-t-il répondu à une question à ce sujet.
Le 28 avril, le mandat de président élu d’Abdelaziz Boutelfika touchera à son terme. Les journalistes ont interrogé Bedoui sur la formule légale qui permettrait au Président sortant de continuer à gouverner le pays mais le Premier ministre, visiblement mal à l’aise, a encore une fois esquivé. Il a répondu en reparlant de la conférence nationale qui sera, selon lui « une force de proposition qui fera sortir l’Algérie de la situation dans laquelle elle se trouve ». Sur ce point, Lamamra a fait mieux que lui hier en justifiant le report de la présidentielle par la demande populaire et la stabilité du pays.
A toutes les questions concrètes qui lui ont été posées, Noureddine Bedoui a répondu par des généralités et des slogans creux que par des explications claires. « Rassemblement », « nous sommes tous les enfants de l’Algérie », « donner un rôle important à la jeunesse », « inclusion », « discussion », « représentation de toutes les franges de la société » : sont autant de formules prononcées à répétition par le Premier ministre qui n’a décidément apporté de réponse à aucune préoccupation de l’opinion nationale, la veille d’un 4e vendredi de manifestations contre le système.