Une partie de l’opposition, regroupée dans ce qui est appelé les Forces du changement, se dirige d’un pied ferme vers l’organisation d’une conférence de concertation le 6 juillet avec l’espoir d’amener les partis jusque-là réticents à y prendre part.
Abdelaziz Rahabi, désigné coordinateur de la conférence, tâche de convaincre tout le monde. Mercredi dernier, il était présent à une réunion des sept partis de l’Alternative démocratique. Ces derniers ont contre attente décidé le 18 juin de lancer leur propre initiative, mais l’espoir demeure de les voir rejoindre les assises du 6 juillet, d’autant plus que les deux parties convergent sur de nombreux points, dont le principe même de dialoguer avec le pouvoir, divergeant toutefois sur certains mécanismes et préalables.
Si les initiateurs de la conférence ont décidé de la reporter d’une bonne semaine (elle était initialement prévue pour ce samedi 29 juin), c’est sans doute pour se donner le temps d’expliciter sa teneur et ses objectifs pour réunir un maximum de présents.
Cinq ans après Mazafran, l’espoir demeure de voir toute l’opposition politique réunie pour tenter de dégager un projet national commun. Rahabi et ses compagnons comptent inviter l’ensemble de l’opposition politique, de la société civile organisée et des personnalités nationales. Des noms ont été cités ce samedi par Lakhdar Benkhellaf, député du FJD et membre de la coalition, Liamine Zeroual, Moloud Hamrouche, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour, Ahmed Benbitour…
L’objectif déclaré est de dégager une feuille de route consensuelle qui serait la synthèse de toutes celles qui ont été dévoilées jusque-là et qui servirait de base pour le dialogue auquel a appelé le pouvoir par la voix d’au moins deux de ses représentants.
Il n’échappe à personne que les invitations au dialogue ont manqué dans les dernières sorties publiques du chef d’état-major de l’ANP, tandis que le chef de l’Etat par intérim ne s’est pas exprimé depuis le 6 juin, date de son dernier appel au dialogue via un discours à la Nation. L’idée est donc sans doute de prendre au mot les autorités et de leur retirer l’argument de l’absence de propositions sérieuses ou de négocier une sortie de crise si telle est toujours l’intention du pouvoir.
Dans tous les cas de figure, l’opposition aura fait ce qu’il y avait de mieux à faire et il reste maintenant à rapprocher les points de vue pour ne pas avoir à assumer un éventuel échec du projet. Les partis Forces du changement ont bâti leur proposition sur l’idée d’arriver à « un grand compromis national », comme l’a qualifié Ali Benflis, d’où une certaine souplesse palpable dans les déclarations de certains de ses représentants.
Au moins, deux animateurs de cette aile de l’opposition, Ali Benflis et Abdallah Djaballah, sont intransigeants sur l’exclusion des soutiens du cinquième mandat, restant dans l’esprit du mouvement populaire et son slogan phare « yetehaw gâa », mais ils ne divergent pas avec leurs compagnons sur l’idée d’accepter le dialogue sans mettre beaucoup de préalables, ce qui est incompréhensible quand on sait que, officiellement, c’est l’autre partie, le pouvoir, qui invite avec insistance à la discussion.
Le plus incompréhensible c’est le fait de ne pas insister sur la levée immédiate des mesures restrictives des libertés, de plus en plus nombreuses, comme les pressions sur les médias et l’emprisonnement de militants politiques ou de manifestants.
C’est ce qui constitue sans doute une ligne de démarcation nette avec les partis de l’Alternative démocratique qui ont inclus dans leur pacte politique rendu public mercredi dernier une kyrielle de préalables sans lesquels on ne pourra parler de dialogue sérieux.
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