Le gouvernement a décidé samedi 18 avril de proroger le confinement et toutes les mesures de prévention qui devaient prendre fin ce dimanche 19 avril.
L’ensemble du dispositif est reconduit de dix jours supplémentaires, jusqu’au 29 du mois. Cela signifie que, d’un côté, le danger n’est pas encore totalement écarté et que, de l’autre, les mesures instaurées ont jusque-là démontré leur efficacité.
Efficace, mais ce dispositif, ou du moins la façon dont il a été interprété et mis en application, n’est pas sans impact négatif sur les volets social et économique.
L’instruction adressée aux walis et aux ministres mercredi 15 avril est en quelque sorte un aveu que tout n’a pas fonctionné comme souhaité.
« A l’issue de la première période de confinement instaurée par les pouvoirs publics, l’observation de la situation économique laisse apparaitre certains dysfonctionnements, affectant l’outil national de production et de réalisation, parfois aggravés par une interprétation restrictive des mesures prises par les pouvoirs publics, pour la prévention et la lutte contre le Coronavirus », regrette le gouvernement.
La fermeture n’a pas concerné, semble-t-il, que les établissements recevant du public et la mise en congé de 50% des effectifs a été par endroits interprétée comme une injonction de suspension totale de l’activité.
Le Premier ministre a donc instruit les membres du gouvernement et les walis de lever ces dysfonctionnements « pour maintenir une activité économique minimale assurant la survie des entreprises et permettant la continuité de toute la chaine logistique et commerciale qui y est liée », leur rappelant qu’ils « doivent s’assurer du maintien de l’activité économique, chacun dans sa sphère de compétence, publique ou privée ».
La note de Abdelaziz Djerad révèle combien est délicate et compliquée la tâche des pouvoirs publics, contraints de s’essayer au difficile exercice de confiner la population, une mesure inédite et inéluctable puisqu’il s’agit du seul rempart efficace contre la pandémie destructrice en l’absence d’alternatives médicales, tout en assurant la continuité de l’approvisionnement en denrées alimentaires de base et en maintenant au moins une partie de l’activité économique, comme l’agriculture et l’agroalimentaire, indispensables pour éviter une pénurie de produits alimentaires.
On a constaté par exemple comment les problèmes d’approvisionnement ont parfois annihilé les mesures de prévention prises, des citoyens ayant été contraint de s’entasser dans des files d’attentes pour s’approvisionner en semoule, ou devant les bureaux de poste pour disposer de leur argent.
Des dispositions ont été prises pour mettre fin à ce genre de scènes, comme l’interdiction de la vente de semoule en détail au niveau des minoteries, l’encouragement du commerce électronique et du paiement en ligne, mais elles demeurent insuffisantes.
Avec la très courte plage horaire (7h-15h) laissée aux citoyens de neuf wilayas pour pouvoir s’approvisionner, l’effet entonnoir était inévitable. On n’assiste plus aux bousculades dans des files d’attente, mais beaucoup d’acheteurs se retrouvent au même moment devant les boulangeries ou dans les magasins d’alimentation.
Si les dysfonctionnements dans l’approvisionnement semblent être une fatalité, ou du moins une équation difficile à résoudre, ce n’est pas le cas pour l’arrêt de pans entiers de l’activité économique qu’on doit, en partie, à la sempiternelle bureaucratie et au zèle de certains agents de l’État, puisque le Premier ministre lui-même parle de d’ « interprétation restrictive » de ses instructions.
Une situation fortement préjudiciable dans une conjoncture qui impose le fonctionnement à plein régime de certaines activités dont l’agriculture et les industries agroalimentaire, pharmaceutique et paramédicale ainsi que l’activité du transport de marchandises.
Même les autres activités non vitales pour la gestion de la situation actuelle le sont pour l’après-coronavirus et la crise économique qui s’annonce. Le pays ne peut pas s’offrir un arrêt total au moment où sa principale ressource, les hydrocarbures, ne génère plus grand-chose, au risque de se retrouver confronter à une grave crise sociale et économique, après la fin de la pandémie.