Politique

Conflit à l’APN : Ouyahia lâche Bouhadja, reconnait que la crise peut durer longtemps

Silencieux sur le sujet depuis le début du conflit entre 361 députés de cinq formations politiques issues de « la majorité » (FLN, RND, MPA, TAJ, et Indépendants), et le président de l’APN, Ahmed Ouyahia est sorti de sa réserve ce samedi. Le chef du RND, qui est également Premier ministre, a demandé à Saïd Bouhadja de partir.

Ahmed Ouyahia compte sur la « sagesse » de Saïd Bouhadja pour se retirer de la présidence de l’APN. « Mon souhait et que cette affaire se termine dans le calme et que le président de l’APN parte dignement », a expliqué le secrétaire général du RND, lors de la conférence de presse tenue à l’issue de son allocution tenue à l’ouverture des travaux de la conférence nationale des militantes du RND.

Ahmed Ouyahia a également saisi l’occasion pour délivrer quelques messages. Selon le Premier ministre, l’affaire qui secoue l’APN est un conflit interne qui concerne son président, Saïd Bouhadja, et des députés réclamant son départ. « Le président de l’APN a été élu par ses camarades. Il s’est produit un malentendu entre eux et les députés ne veulent plus travailler avec le président de l’APN», a-t-il expliqué. Avant d’insister : « C’est une affaire interne à l’APN. La présidence n’a rien à avoir ».

Cette précision est d’autant plus importante, qu’elle permet de dédouaner la présidence de la République de toute ingérence dans cette affaire, comme certains députés l’ont laissé entendre au début du conflit et comme le président de l’APN l’a par la suite utilisé comme bouclier face à leurs attaques. En se disant prêt à démissionner à la condition que la présidence le lui demandait, Said Bouhadja, en bon vieux routier de la politique, a déplacé le débat au niveau d’El Mouradia pour demander l’arbitrage du Président, seul habilité à réclamer son départ, selon lui.

En demandant à la présidence de prendre position, Saïd Bouhadja a piégé El Mouradia, en l’impliquant dans un conflit qui pourrait mettre à mal le principe de la séparation des pouvoirs. « Si la présidence était contre moi, elle m’aurait informée et la question serait résolue tout simplement. », déclarait encore à TSA le président de l’APN, le 4 octobre pour justifier son refus de partir.

En lançant l’appel à Said Bouhadja et à son sens des responsabilités, M. Ouyahia reconnait d’une part que le conflit qui secoue l’APN n’est pas prêt de trouver une porte de sortie rapidement et risque de durer, si le président de l’APN décidait de faire de la résistance face à ceux qui réclament son départ son pieds et mains liés, sans moyen de pression légale.

« La Constitution ne prévoit pas le cas d’un conflit interne à l’APN », a reconnu M Ouyahia. En effet, l’action des frondeurs, ne repose sur aucun fondement légal, d’où l’impossibilité de trouver un outil juridique pour débloquer la situation. Le Président de l’APN ne peut être destitué, car protégé par l’article 131 de la Constitution

Autre sujet brulant : la dissolution de l’APN en de persistance du conflit. Cette éventualité est écartée du revers de la main par Ahmed Ouyahia. « Il n’y aura pas de dissolution de l’APN », a-t-il assuré. « Il n’y a pas une crise qui touche le pays pour que l’Assemblée Populaire Nationale soit dissoute », a justifié Ouyahia. Pour la Loi de finances, le président pourrait procéder par ordonnance pour contourner le blocage de l’APN.

Les déclarations d’Ahmed Ouyahia peuvent-elles pousser Saïd Bouhadja à partir ? Si les propos du premier ministre affaiblissent la position de Saïd Bouhadja, la solution, quoi qu’il en dise est entre les mains de la présidence qui devra à un moment donné s’impliquer dans la crise pour siffler la fin de partie.

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