Le conflit libyen continue d’alimenter les tensions diplomatiques entre Paris et Ankara. Le torchon continue de brûler et la rhétorique virulente entre la France et la Turquie autour du dossier libyen ne retombe pas. Le président de la France Emmanuel Macron a condamné ce lundi la « responsabilité historique et criminelle » de la Turquie dans le conflit en Libye. En réaction, la Turquie a accusé la France d’être en Libye « pour ses propres intérêts », rapportent plusieurs médias.
« Nous sommes à un moment d’indispensable clarification de la politique turque en Libye, qui est pour nous inacceptable », a affirmé le président français, pour qui la Turquie « ne respecte aucun de ses engagements de la conférence de Berlin, a accru sa présence militaire en Libye et elle a massivement réimporté des combattants djihadistes depuis la Syrie ».
« C’est la responsabilité historique et criminelle de la Turquie, qui prétend être membre de l’Otan, en tout cas elle le revendique », a estimé le président Macron, cité par Paris-Match.
La France est régulièrement accusée de soutenir discrètement le camp de l’Armée nationale libyenne (ANL) dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, soutenu également par la Russie et les Emirats arabes unis dans le conflit l’opposant au gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale et soutenu diplomatiquement et militairement par la Turquie. Dans ce cadre, Emmanuel Macron a indiqué « vouloir tordre le coup à une fausse idée : la France ne soutient pas le maréchal Haftar » mais œuvre plutôt à une solution de paix « durable ».
La Turquie a réagi ce mardi par le biais de son ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu. « La France est-elle honnête ? Non. Elle affirme qu’elle n’a pas livré d’armes à Haftar, qu’elle ne l’a pas soutenu. Mais la réalité est devant nos yeux, les rapports aussi », a affirmé le chef de la diplomatie turque, cité par TRT.
« Abu Dhabi finance les armes, mais c’est la France qui les livre. L’Otan perçoit la Russie comme une menace. Mais la France cherche à renforcer la main de la Russie en Libye. La France que Macron dirige, ou plutôt n’arrive pas à diriger, se trouve là-bas uniquement pour ses propres intérêts et objectifs en partant d’une approche dévastatrice », a accusé M. Cavusoglu.
Le chef de la diplomatie turque a demandé à la France et à Macron d’être “d’abord honnêtes, transparents, avant de critiquer la Turquie”, avant de défendre le soutien de son pays au GNA, en estimant que cela a permis de “rétablir l’équilibre” et que “la guerre à Tripoli ne s’est pas transformée en guerre de rue ».
Dans une tribune publiée dans le magazine Le Point, le ministre d’État aux Affaires étrangères des Émirats arabes unis a appelé le monde à s’opposer aux actions de la Turquie dans le conflit libyen.
« La Turquie a beaucoup de comptes à rendre, avec des tentatives anciennes – avec le Qatar et les Frères musulmans – de semer le chaos dans le monde arabe, utilisant comme couverture une interprétation agressive et pervertie de l’islam », fustige le ministre émirati Anwar Gargash dans sa tribune, ajoutant que « la Libye est indéniablement la plateforme de l’expansionnisme ‘’néo-ottoman’’ autoproclamé ».
« Comme ils l’ont fait dans d’autres circonstances similaires, les Émirats arabes unis se sont impliqués avec la France et d’autres alliés pour lutter contre ces menaces, affirme M. Gargash. En ce qui concerne ses activités en Libye, la communauté internationale doit d’abord envoyer le message clair et sans équivoque à la Turquie que son comportement est inacceptable”.