Le président Abdelmadjid Tebboune a présidé dimanche un conseil des ministres par visioconférence. Parmi les décisions prises figure la fermeture “immédiate” des ports secs non autorisés et de “faire obligation” à ceux autorisés de se doter de scanners pour faciliter le contrôle par les douanes.
Cette décision a été prise par le chef de l’Etat, précise le communiqué du Conseil, publié par la présidence de la République via l’agence officielle.
Fermeture “immédiate” des ports secs non autorisés
Le président de la République a pointé du doigt les risques que représentent certains ports secs, “dans leur état actuel, pour la sécurité et la souveraineté nationales ainsi que pour le Trésor public.”
La problématique des ports secs a été développée par le ministre des Finances Abderrahmane Raouia qui a présenté aussi un exposé sur la maîtrise des importations de services. Le ministre a expliqué “les raisons de l’augmentation rapide de la facture des services, proposant une batterie de mesures pour la maîtrise des importations de services.”
Pour réduire cette facture qui pèse lourdement sur la balance des paiements de l’Algérie, M. Tebboune a “ordonné de développer notre flotte maritime pour être en mesure, d’ici la fin de l’année en cours, de prendre en charge totalement le transport des marchandises, ce qui permettra de réaliser des économies en devises, d’éviter la surfacturation et de consolider l’économie nationale.”
“En matière de maintenance, le Président a ordonné que la priorité absolue dans l’octroi des contrats de maintenance soit accordée aux enfants de la patrie, d’autant plus que certains contrats signés avec des parties étrangères pour de longues durées sans prévoir de transfert technologique alors que le niveau des diplômés de nos universités s’est amélioré”, ajoute le communiqué.
Il a aussi souligné “l’importance d’intégrer l’intelligence nationale dans ce secteur et de réduire graduellement la dépendance vis-à-vis des prestations étrangères.”
L’Algérie ambitionne de diviser par deux la facture des importations des services et de la ramener à sept milliards de dollars par an.
Réduire les importations de six milliards de dollars
De son côté, le ministre de l’Industrie et des Mines Ferhat Ait Ali a présenté un exposé sur “l’importation des intrants et des équipements industriels, laquelle a enregistré une augmentation record durant ces dernières années, sans un quelconque impact positif sur la croissance du Produit national brut.”
Selon le ministre, “les importations du pays en produits industrialisés, destinés à l’investissement et à la consommation ont atteint, selon l’exposé, 12 milliards USD, avec une exonération permanentes et injustifiée de taxes douanières, d’où l’impératif de réformes structurelles urgentes, dont l’annulation de l’exonération de certaines taxes pour corriger les dysfonctionnements, et réaliser, ainsi, une économie de quatre milliards de USD de montants transférés, en plus de 250 milliards de DA au titre des droits du Trésor public.”
Parmi les mesures prises figurent celle de “se passer des bureaux d’études étrangers lorsque l’expérience locale peut répondre aux besoins, de renforcer la coordination avec les secteurs concernés par le dossier du fret maritime de et vers l’Algérie, et d’évacuer les opérateurs étrangers des ports secs algériens.” “Ces mesures permettront de réduire la facture d’importation à hauteur de six milliards USD”, précise le texte.
M. Tebboune a “ordonné de prendre un certain nombre de mesures, dont le recours à des compétences qualifiées en matière de gestion, tout en évitant les intermédiaires dans l’importation des matières brutes, et le parachèvement dans les plus brefs délais de l’élaboration des cahiers de charges pour l’importation de tous les véhicules neufs, tous types confondus, et leur publication successive.”
Importations des véhicules neufs : de nouvelles exigences
Le chef de l’Etat a exigé que “l’importation de ces véhicules soit faite en provenance du pays d’origine, avec lequel l’Algérie partage des intérêts communs clairs et que l’importateur soit spécialisé en la matière et apporte toutes les garanties de protection de l’économie nationale des pratiques négatives du passé.”
Jeudi, le ministre de l’Industrie avait indiqué que le cahier des charges relatif à l’importation des véhicules sera publié d'”ici juillet”, en ajoutant que les importations de voitures pourraient reprendre au plus tôt fin 2020. Il avait aussi révélé les nouvelles conditions pour l’importation des voitures neuves.
Le ministre du Commerce a donné un exposé sur “la situation des importations des produits agricoles et les mesures prises par son département pour protéger la production agricole nationale.” Il a notamment détaillé “la structure des importations agricoles, notamment les viandes, les fruits et légumes, le lait, le blé, l’orge et le mais.”
Élargissement de la liste des produits surtaxés
Pour protéger la production nationale, M. Rezig a détaillé les mesures proposées : “Élargir la liste des produits soumis au Droit Additionnel Provisoire de Sauvegarde (DAPS), soumettre l’activité d’importation au principe de spécialisation et de souscription au cahier des charges, de numériser le commerce extérieur et le fichier national des industries agricoles, et enfin de bien analyser la structure des importations pour définir la nomenclature des produits dont l’importation peut être réduite avec un renforcement de la lutte contre la surfacturation, et la mise en place d’une stratégie nationale d’exportation.”
Interdiction d’importer des produits agricoles pendant la saison de cueillette
Intervenant à l’issue de cet exposé, le président Tebboune a ordonné “l’interdiction totale de l’importation des produits agricoles pendant la saison de cueillette, et ce, afin de protéger la production nationale, ainsi que le durcissement du contrôle sur les fruits importés en vue d’éviter la surfacturation et s’assurer de la qualité pour la préservation de la santé du citoyen.”
Le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid a présenté aussi un exposé sur “l’évolution de la situation sanitaire nationale liée au Covid-19, ainsi que sur les dispositions prises par la juguler.”
“Grâce à ces dispositions, des indicateurs positifs ont pu être enregistrés, comme la baisse du niveau d’occupation des lits réservés aux malades du Covid-19 en réanimation, la baisse sensible et constante du nombre de décès, et l’augmentation des cas de rétablissement qui se situent à hauteur de 98,02 %”, a soutenu le ministre
Toutefois, ces résultats ne signifient pas que l’Algérie a vaincu définitivement la pandémie. Le Comité scientifique de suivi de l’évolution de l’épidémie de coronavirus a “recommandé la poursuite de l’application stricte des gestes barrières afin de contenir les cas isolés”, selon le ministre.
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Durcissement des contrôles dans les hôpitaux
De son côté, le président Tebboune a “enjoint le ministre concerné de durcir le contrôle sanitaire à travers le territoire national et de se déplacer, si nécessaire, en vue de s’enquérir de la situation sur place dans le but de pallier les besoins qui pourraient être provoqués par un manque inadmissible d’un hôpital donné, en équipements médicaux disponibles, en quantités suffisantes au niveau de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), afin de faire face à toutes les demandes.”
Il a également “ordonné le durcissement du contrôle dans certains hôpitaux qui seraient, selon les médias, en surcharge et où des cas de patients non pris en charge seraient enregistrés.” Allusion à la vidéo accablante pour l’unité Covid du CHU de Constantine qui a été diffusée sur les réseaux sociaux, où un malade décrit des conditions de prise en charge des patients chaotique.
Le chef de l’Etat a “instruit de mettre un avion à la disposition du ministère en vue de son déplacement, à tout moment sur les lieux, afin de s’assurer des informations relayées ici et là.”
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Pas d’endettement extérieur
Enfin, le président Tebboune a réaffirmé son refus de recourir à l’endettement extérieur par “souci de préserver la dignité et la souveraineté nationale”, et a demandé au gouvernement à “plus de persévérance et de rigueur dans la gestion, à réduire les importations pour préserver les réserves de change et de tirer profit de la récession économique par laquelle passent certains pays développées pour acquérir des usines d’occasion en bon état, à des prix accessibles et rentables dans l’immédiat.”