C’est le jour J, la deadline « suggérée » par le chef d’état-major de l’armée pour la convocation du corps électoral. Le 2 de ce mois, Ahmed Gaïd Salah avait jugé « opportun » de convoquer le corps électoral le 15 septembre.
« Nous considérons qu’il est opportun de convoquer le corps électoral le 15 du mois de septembre courant, et que les élections puissent se tenir dans les délais fixés par la loi ; des délais raisonnables et acceptables qui répondent à une revendication populaire insistante », avait-il déclaré à partir de Ouargla où il était en tournée d’inspection.
Même s’il s’agissait dans la forme d’une simple suggestion, l’annonce a été critiquée, notamment dans les rangs de l’opposition. Les critiques émises n’avaient pas dissuadé le général de corps d’armée de revenir à la charge neuf jours plus tard, insistant sur la tenue du scrutin dans « les délais déterminés ».
« Nous avons parlé auparavant de la nécessité d’accélérer la tenue des présidentielles, mais aujourd’hui nous sommes absolument certains que celles-ci se dérouleront dans les délais déterminés, grâce à la bonne perception du peuple quant aux agendas de certaines parties bien connues, qui n’ont aucun lien avec l’intérêt du peuple algérien », a-t-il assuré le 11 septembre à Constantine.
« Le délai déterminé » pourrait donc être le 15 décembre au plus tard, sachant que la Constitution stipule que le scrutin doit se tenir dans les 90 jours qui suivent la convocation du corps électoral.
Les regards sont désormais braqués sur Abdelkader Bensalah, à qui revient constitutionnellement la charge de convoquer le corps électoral. Le fera-t-il ce dimanche ? Il faut noter que ni lui ni aucune autre autorité politique ne se sont exprimé sur la question depuis le discours de Gaïd Salah du 2 septembre.
Ce samedi 14 septembre, l’ancien président de l’APN, Saïd Bouhadja, a assuré à partir de Jijel que la convocation se fera le 15, le 16 ou le 17 du mois en cours.
Mais la constitutionnaliste Fatiha Benabou, membre du panel de dialogue et de médiation, a laissé entendre que rien n’est encore fait tant que le chef de l’État ne se sera pas prononcé. « Lorsque Abdelkader Bensalah parlera, on pourra alors évoquer les élections », a-t-elle indiqué dans un entretien à TSA.
Néanmoins, les événements de la semaine qui a précédé la date « suggérée » laissent déduire que le pouvoir a fait son choix et qu’il ne reste que la formalisation des choses par le chef de l’État.
Il y a eu d’abord l’accélération des travaux du panel de dialogue qui a aussitôt remis son rapport et ses propositions, parmi lesquelles la révision de la loi électorale et la promulgation du texte instituant l’autorité d’organisation des élections.
Lesquels textes ont été adoptés dans une précipitation inhabituelle par les deux chambres du Parlement, le Sénat ayant même siégé un vendredi, au moment même où se déroulait dans les rues d’Alger le trentième acte de la révolution populaire.
La très forte mobilisation populaire lors des manifestations de ce vendredi 13 septembre, synonyme de confirmation du regain du hirak constaté depuis la rentrée sociale. Les manifestants ont réitéré leur refus d’organiser des présidentielles dans les conditions actuelles, et réclamé le départ des symboles de l’ancien régime.
À part les partis qui avaient soutenu Bouteflika, la classe politique n’est pas « chaude ». Le parti Jil Jadid a mis en garde ce samedi : « Les élections présidentielles projetées ont peu de chance d’entraîner l’enthousiasme populaire et compliqueront la crise au lieu de la résoudre ».
La question de la faisabilité de la présidentielle risque de se poser de nouveau et les dirigeants du pays ne sont pas sans savoir qu’une éventuelle convocation du corps électoral ne leur laissera d’autre choix que d’aller jusqu’au bout pour s’éviter le camouflet d’un énième échec à organiser la présidentielle après les tentatives ratées du 18 avril et du 4 juillet.
« Toutes les conséquences de ce double échec devraient être tirées tout comme devraient être méditées ses leçons afin d’éviter sa répétition. Dans la troisième tentative d’organisation de cette même élection, il n’y a pas de place à l’erreur. De même, celle-ci n’a pas droit à un autre échec, tant seraient particulièrement lourdes ses retombées sur le retour de la stabilité, de la sérénité et de la quiétude dans le pays », a prévu, jeudi 12 septembre, Ali Benflis dans les colonnes du Soir d’Algérie.