La panique s’est emparée des Algériens. Ils se sont rués sur les marchés et les magasins d’alimentation générale pour se ravitailler. Semoule, farine, pâte, riz, légumes secs, détergents, eau minérale : on achète à tour de bras pour stocker.
Dans les marchés, les prix des fruits et légumes ont pris l’ascenseur. La pomme de terre plafonne à 100 DA/kg, la tomate à 140 DA, l’oignon à 100 DA et la laitue à 160 DA. La semoule est désormais introuvable. Les clients ont tout dévalisé, en emportant des sacs entiers.
Du côté des pharmacies, rupture de stock de gels antiseptiques, de bavettes, d’alcool et de masques. En revanche, les vendeurs à la sauvette du marché Réda Houhou (ex Clauzel) en proposent à des prix prohibitifs. Ambiance.
Les prix des fruits et légumes s’envolent
Au marché Ferhat Boussaâd (Ex -Meissonnier), les prix des fruits et légumes frisent l’insolence. En dépit de ces augmentations, les gens remplissent leurs couffins comme si une guerre nucléaire était à nos portes.
Aucun affichage sur les étals. Il faut demander les prix aux commerçants. Coup de massue : pomme de terre : 100 DA, carotte : 120 DA, navet : 130 DA, courgette : 150 DA, fenouil : 100 DA, laitue : 160 DA, tomate : 140 DA, oignon : 100 DA, aubergine : 130 DA, mandarines : 220 DA, fraise : 250 DA, orange : 180 DA, banane : 260 DA. Certains étals sont carrément vides.
L’un des vendeurs pointe un doigt accusateur vers les grossistes. « Ce matin, j’ai fait la tournée aux marchés de gros des Eucalyptus et de Bougara. Les prix ont sensiblement augmenté. C’est pire que pendant le ramadan. L’État doit frapper d’abord à ce niveau-là » réclame-t-il « Nous on ne fait que répercuter les prix pour avoir notre marge ».
Aucun geste barrière contre le Covid-19
Avec la progression de l’épidémie du coronavirus, la capitale offre un nouveau visage. Devant les magasins d’alimentation générale, on joue des coudes, on se bouscule et on se colle les uns aux autres sans adopter les gestes barrières : garder un espace d’au moins un mètre comme recommandé par l’OMS.
Ruée sur la semoule, la farine, les pâtes, les légumes secs et les détergents. Les étals se vident à vue d’œil. Dans la supérette, à deux pas du métro, on croirait qu’une tornade s’est abattue sur les rayons. Il ne reste plus rien. « C’est quoi ce peuple ?, s’insurge une femme. Ont-ils pensé à ceux qui n’ont pas encore fait leurs courses ? Où est notre humanité ? C’est comme si c’était la fin du monde. Regardez-moi ces comportements de sauvages ! ».
Pas de gel ni de masque en pharmacie
Du côté des pharmacies, il y a foule également. Là aussi, on s’agglutine au comptoir pour poser la sempiternelle question : avez-vous reçu des masques ? Lors de notre passage ce matin, à la pharmacie Benmoufok (rue Didouche Mourad,) il ne restait plus que des gants jetables à vendre (20 DA la paire).
« Hier nous avions encore des masques à proposer aux clients », nous dit un vendeur en pharmacie. « Ils se sont vendus comme des petits pains, 250 DA/unité. Nous espérons être livrés d’ici ce soir » ajoute-t-il.
Dans une autre pharmacie, une affiche prévient les clients : « Pas de masque, pas de bavette, pas de gel, pas d’alcool ».
Gels et masques au marché noir
Pour trouver ces articles qui ont la cote en ce moment, il faut se rendre à proximité du marché Réda Houhou (ex-Clauzel). Juste à côté de la pharmacie, des vendeurs à la sauvette exposent leurs “trésors” à des prix affolants : bavette : 200 DA, masque : 350 DA, gant : 50 DA, gel : 250 DA… Dans une promiscuité indescriptible et sous l’œil impavide des agents de l’ordre, les passants font provision de ces articles. « Je n’ai pas le choix, nous dit une jeune femme, je dois me protéger du coronavirus. J’ai trop peur de chopper le virus et de mourir. J’achète des masques même si c’est au marché noir et même si son efficacité ne dépasse pas 8 heures ».
Ruée sur les produits d’hygiène
Eau de javel, détergents antibactériens pour le sol, lingettes, gels antiseptiques, savon liquide, jamais ces produits d’entretien ne se sont écoulés aussi vite. Là aussi, les prix ont sensiblement augmenté. L’occasion fait le larron et les commerçants profitent de la détresse des citoyens pour majorer leurs prix, sans aucun état d’âme.
Zéro hygiène
Affolement général et manque d’hygiène flagrant aux alentours des marchés ont été constatés : cloaques d’eaux stagnantes, odeurs pestilentielles, mouches, masques et gants usagés jetés par terre… Autre fait grave : les boulangers et autres vendeurs de pains traditionnels portent de gants jetables mais continuent à servir les clients en manipulant les pièces et billets sales.
Si aux alentours du marché Ferhat Boussaâd, des agents de l’ordre en faction veillent à empêcher les vendeurs à la sauvette d’installer leurs marchandises par terre pour éviter la promiscuité des chalands, ce n’est pas le cas au marché Réda Houhou. Aucune précaution n’est prise favorisant ainsi la propagation du virus et la contamination. Les gestes barrières ne sont pas observés non plus dans les cafés et fast-food, toujours ouverts.
Envolée des prix, pénuries, promiscuité, panique, les premiers effets de cette pandémie mondiale débarquent chez nous. Les commerçants stockent les denrées pour les revendre plus cher et les contrôleurs des prix n’ont pas encore investi le terrain pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens comme promis par le gouvernement. Une réaction urgente des services concernés est souhaitable.