Politique

Coronavirus, chute du pétrole : les entreprises algériennes menacées par une crise sans précédent

Ces dernières semaines, la plupart des commentateurs nationaux se sont surtout inquiétés des conséquences de l’effondrement des prix du pétrole sur la situation financière de notre pays. Ils ont souligné, à juste titre, la faiblesse des réponses proposées dans ce domaine par l’Exécutif à l’occasion des différentes réunions d’urgence qui ont été tenues.

Ces interrogations concernent, suivant les scénarios plus ou moins pessimistes, les perspectives à 18 ou 24 mois de nos équilibres financiers internes et externes. Les inquiétudes exprimées par beaucoup d’observateurs font néanmoins l’impasse sur une série de problèmes plus immédiats. Des problèmes relevant des « urgences » dont les conséquences ont déjà frappé de plein fouet la quasi-totalité des opérateurs économiques algériens.

Ces difficultés immédiates risquent de s’amplifier au cours des mois à venir en raison des conséquences économiques de la crise sanitaire qui a commencé à frapper notre pays.

Le gouvernement indifférent aux difficultés des entreprises ?

Alors que la plupart des pays du monde annoncent des plans de soutien massifs au profit de leurs entreprises dans le but de leur permettre de surmonter la crise actuelle, le gouvernement algérien ne semble pour l’instant proposer aucune réponse appropriée pour faire face à cette situation.

Pire : les mesures envisagées par la Loi de finances 2020 ainsi que par le programme du gouvernement Djerrad insistent principalement sur « le renforcement des contrôles et l’amélioration du recouvrement fiscal » sans faire aucune mention des difficultés rencontrées par les entreprises algériennes.

Les échos recueillis auprès des sources de TSA s’inscrivent dans la même tendance et mentionnent principalement une intensification des contrôles fiscaux au cours des derniers mois.

Le diagnostic alarmant des patrons algériens

Dans une interview publiée récemment par TSA, le président du FCE, Sami Agli, se faisait l’interprète de ces difficultés en affirmant que « tous les jours nous perdons des entreprises et des emplois et on constate aujourd’hui que de grandes entreprises familiales qui sont à la 2e ou à la 3e génération d’entrepreneurs pensent désormais à fermer. Au lieu d’investir et de recruter, la plupart des chefs d’entreprise algériens sont en train de se demander « comment je vais maintenir l’activité et comment je vais continuer à produire ? »

Ce matin même, toujours sur TSA, Hassan Khelifati indiquait à son tour que « les entreprises algériennes ont commencé déjà à ressentir très durement les conséquences de la crise économique à travers un ralentissement général de la croissance .La crise du coronavirus va encore aggraver la situation. Dans le cas où elle se prolongerait dans le temps, beaucoup d’entreprises, manufacturières notamment, risquent d’être confrontées à une pénurie d’intrants ».

Dans ce contexte de plus en plus sombre, les patrons algériens appellent le gouvernement à plus de concertation avec les opérateurs économiques. Les mesures proposées par les chefs d’entreprises sont résumées par Hassan Khelifati : « Nous voyons ce qui se passe ailleurs sur la réactivité des pouvoirs publics en soutien à leur tissu d’entreprises .En Algérie aussi des mesures fiscales, parafiscales et bancaires sont nécessaires et peuvent être prises par le gouvernement pour permettre à nos entreprises de rester debout et de ne pas abdiquer »

Dans la même veine, Sami Agli indiquait : « Nous avons attiré l’attention des autorités du pays sur le fait que la plupart de nos entreprises sont devenues très fragiles sur le plan financier. Dans le but de traiter l’endettement des entreprises et leur situation de trésorerie qui est actuellement très délicate pour beaucoup d’entre-elles, nous avons proposé la réactivation du dispositif de rééchelonnement des dettes fiscales et parafiscales des entreprises déjà mis en œuvre en 2012. Les entreprises nous disent par ailleurs « les banques ne nous accompagnent plus et nous rencontrons des difficultés croissantes pour rembourser nos emprunts ».

Le FCE souhaite donc la mise en place de mesures d’urgence  en matière d’endettement bancaire.

Mais c’est surtout un appel au dialogue qui est lancé au gouvernement par les patrons algériensHassan Khelifati estime que « nous devons dialoguer et nous concerter pour passer ce cap très délicat. Nous devons nous comprendre et nous entraider gouvernement et entreprises pour trouver un juste équilibre ».

Pour Sami Agli, «  beaucoup de signaux indiquent que la machine économique nationale est à l’arrêt mais nous sommes également persuadé que  notre pays regorge d’un  potentiel qui n’attend qu’à être libérer. Pour cela il faut avant tout  rétablir la confiance qui viendra d’abord d’une large concertation et du dialogue avec les opérateurs économiques et leurs représentants ».

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