La période de confinement prolongé prend fin le 14 mai prochain. Même si la dernière décision revient au gouvernement, les professionnels de santé interrogés par TSA ont déjà tranché pour la reconduction de cette mesure. Rien ne présage du contraire.

Ce lundi à Médéa, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a annoncé que le déconfinement se fera en fonction de l’évolution de l’épidémie.

Selon lui, la levée des restrictions pourra être envisagée « lorsque la situation se sera durablement améliorée » avec des contaminations en forte diminution et avec zéro décès.

Or, les chiffres quotidiens annoncés par le porte-parole du comité scientifique de veille et de suivi du Covid-19 font état d’une hausse du nombre de cas positifs et une stagnation des décès au dessous du plafond de dix. De l’avis des spécialistes, la situation reste préoccupante et les chances de reconduire le confinement par les autorités est plus que probable.

« Aujourd’hui (lundi) nous sommes à 168 nouveaux cas, on n’arrive toujours pas à descendre sous la barre de la centaine. Je ne pense pas qu’en trois jours nous puissions avoir des chiffres durables et démonstratif », avance Dr Bekkat Berkani membre du comité scientifique de suivi du Covid-19 et président du Conseil de l’ordre des médecins.

Le médecin plaide en faveur du prolongement du confinement jusqu’à la fête de l’Aïd el Fîtr et dit privilégier ce qu’il appelle « le confinement portable » dans les lieux publics, par le port généralisé par la population de masque quelque soit leur nature, y compris ceux à base de tissu. « Il faut s’habituer à porter des masques », préconise Dr Berkani signalant que l’épidémie a tendance à se généraliser à travers tout le pays.

Le Pr Mustapha Khiati président de la FOREM tend lui aussi vers la prolongation du confinement et pointe les comportements « inconscients » d’une large frange de la société qui ne respecte pas les mesures basiques de prévention contre l’épidémie du Coronavirus (port du masque, distanciation sociale, lavage des mains).

« Plus grave que cela, on a vu des gens s’échanger les bavettes devant les bureaux de poste où l’entrée est conditionnée par le port d’un masque. C’est le summum de l’inconscience ! », fustige-t-il.

Concernant la manière de procéder au déconfinement, Pr Khiati estime « qu’il faut aller jusqu’à la fin du mois en cours, on verra après comment les chiffres vont évoluer ».

« Le principal paramètre qu’on a aujourd’hui c’est celui du nombre des décès qui ne peut pas tromper contrairement au nombre de cas déclarés. Si ce chiffre (les décès) diminue cela veut dire qu’il annonce la fin de cette phase épidémique », explique-t-il.

Comment conditionner le déconfinement ? « Nous ne connaissons toujours pas ce virus, on ne sait pas comment il réagit et faute d’avoir des informations suffisantes, nous sommes obligés de prendre des précautions. Si on arrête le confinement, il faut absolument se protéger par le port du masque, la distanciation sociale, et la stérilisation des mains mais également de l’environnement ».

La probabilité d’une reconduite du confinement au-delà du 14 mai est également avancée par le Dr Mohamed Yousfi chef du service des maladies infectieuses à l’EPH de Boufarik. Envisager le déconfinement en cette période n’est pas à l’ordre du jour, estime Dr Yousfi.

Pour lui, pour déconfiner, il faut que le nombre cas déclarés diminue sensiblement et pendant plusieurs jours. Ce que les chiffres de ces derniers jours ne tendent pas à conforter. Dr Yousfi signale que l’épidémie s’étend à travers le pays et préconise la généralisation du port du masque.