L’Algérie a enregistré son premier cas de contamination au coronavirus (Covid-19), a annoncé mardi soir, le ministère de la Santé, de la Population et de la réforme hospitalière Abderahmane Benbouzid.
L’Algérie a-t-elle les moyens de faire face à une épidémie de grande ampleur ? Un dispositif de surveillance et de veille a été mis en place par les autorités sanitaires notamment au niveau des ports et des aéroports où des caméras thermiques ont été déployées pour détecter d’éventuels voyageurs qui présenteraient de la fièvre. Mais est-ce suffisant ?
“La plus grande faille du dispositif de riposte en cas de crise sont les moyens de diagnostic. En Algérie, seul l’Institut Pasteur est compétent pour effectuer le test de diagnostic spécifique permettant de détecter ce virus sur des prélèvements d’origine respiratoire”, remarque un médecin du service infectieux du CHU d’Oran.
Face à une éventuelle épidémie, de “vastes régions en Algérie ne pourront pas mener des milliers d’analyses chaque jour pour confirmer ou non des cas possibles. Il est fort possible que nous ayons des cas en Algérie qui n’ont pas été détectés par manque de laboratoires de diagnostic’, prévient-il, en relevant le manque de kits de diagnostic dans les hôpitaux en Algérie.
À Oran, par exemple, il y a une forte communauté chinoise composée notamment d’ouvriers travaillant dans le bâtiment. « Il est urgent de doter les structures de soins implantées dans les vastes et éparses régions de moyens car le système de santé actuel est fragile et cette fragilité découle du fait qu’il est trop centralisé sur Alger », souligne cet infectiologue.
Pour les médecins, le manque de moyens de diagnostic pose problème. « Cette situation est un motif d’inquiétude pour nous », alertent des médecins rencontrés au CHU d’Oran, qui appellent le gouvernement à « tout mettre en œuvre pour permettre une détection rapide des cas de coronavirus ».
“Il y a urgence d’augmenter le nombre d’établissements médicaux capables de réaliser ces tests de diagnostic. Le risque de transmission interhumaine est désormais établi en raison de la survenue de pneumonies dues à ce virus”, avertit ce médecin, en réclamant le renforcement des capacités de diagnostic des hôpitaux.
“La suspicion du diagnostic repose actuellement sur l’existence des signes d’infection respiratoire aiguë chez une personne exposée au virus au cours des 14 jours précédant l’apparition des symptômes”, explique-t-il.
L’Algérie a “tout intérêt à renforcer ses capacités de diagnostic du coronavirus en équipant les établissements médicaux de moyens de diagnostic capables de réaliser le test de dépistage spécifique au 2019 n-CoV qui n’est réalisé pour le moment qu’au laboratoire national de référence de l’Institut pasteur d’Alger », réclame encore ce médecin du CHU d’Oran.
« Pour lutter contre le coronavirus, le ministère de la Santé doit augmenter le nombre de laboratoires équipés en tests de diagnostic pour atteindre une capacité de plusieurs milliers d’analyses par jour sur le vaste territoire algérien. Il y a des kits de diagnostic permettant une détection par biologie moléculaire, mais ils ne sont pas disponibles partout dans le vaste territoire en Algérie. L’augmentation des capacités de diagnostic biologique est une nécessité absolue pour être réalisés quotidiennement pour répondre aux besoins », explique ce médecin.
Cette épidémie mondiale renforce la conviction des praticiens rencontrés de « l’importance de la création de réseaux régionaux de diagnostic ».
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