L’Algérie a annoncé mercredi 30 décembre avoir signé un contrat de gré à gré simple avec un laboratoire russe pour l’acquisition du vaccin contre la maladie à coronavirus Covid-19 afin d’entamer la vaccination à partir du mois de janvier 2021.
L’annonce a été effectuée par le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, à l’issue de la réunion du gouvernement : « L’Institut Pasteur a entamé une série de consultations avec la société russe qui produit le vaccin Spoutnik V, et il poursuit ses consultations avec d’autres parties étrangères » pour éventuellement acquérir d’autres vaccins.
L’Algérie a réservé un budget de 1,5 milliard de dinars pour acquérir 500.000 doses de vaccin anti-Covid.
Qui produit le vaccin russe ?
Baptisé « Spoutnik V », le vaccin russe a été conçu par le Centre national d’épidémiologie et de microbiologie Gamaleya grâce à un financement du Fonds d’investissement direct russe (RDIF), le fonds souverain de la Russie.
Le vaccin est basé sur la technologie vaccinale de l’Adenovirus. « Les vecteurs adénoviraux sont considérés comme absolument sûrs et les plus appropriés pour réaliser une modification génétique. Le vecteur est un virus dépourvu de gène de reproduction, il ne présente donc aucun danger d’infection pour l’organisme », explique les concepteurs du Spoutnik V dans un site internet dédié à la pédagogie autour de leur vaccin, rappelant que « les médicaments à base d’adénovirus humains sont largement utilisés depuis plus de 50 ans ».
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Quel est le prix du vaccin russe ?
Le laboratoire Gamaleya a assuré que le prix d’une dose du vaccin Spoutnik V sera inférieur à dix dollars. Étant donné qu’il faut deux doses prises à trois semaines d’intervalle pour que le vaccin fasse effet, le prix du vaccin serait ainsi en-dessous de vingt dollars américains.
L’Algérie a débloqué un budget de 1,5 milliard de dinars soit 9,2 millions d’euros pour l’acquisition de 500.000 doses de vaccin. Mercredi sur Echorouk TV, le directeur général du Budget au ministère des Finances, Abdelaziz Fayed, a fait savoir que le budget pour l’acquisition du vaccin pourrait atteindre 20 milliards de dinars (122 millions d’euros), sans fournir davantage de détails.
Quels sont les pays qui ont adopté pour le vaccin russe ?
Le laboratoire Gamaleya et le fonds d’investissement direct russe se targuent d’avoir reçu des commandes pour plus de 1,2 milliard de doses de vaccin Spoutnik V de la part de plus de 50 pays. Le média français les Echos a rapporté le 15 décembre dernier que 147 millions de doses du vaccin russe ont été vendus, en citant le Duke Global Health Innovation Center.
Plusieurs pays ont d’ores et déjà annoncé avoir opté pour le Spoutnik V dans leur stratégie de vaccination de leur population. C’est le cas notamment de l’Argentine, la Hongrie, les Émirats arabes unis, l’Inde et la Biélorussie.
La Biélorussie a notamment annoncé ce mardi le lancement de sa campagne de vaccination contre la Covid-19 avec l’arrivée dans le pays du premier lot de vaccins russes Spoutnik V. « Aujourd’hui, le Belarus est devenu le premier pays après la Russie à commencer la vaccination de sa population avec le Spoutnik V », a indiqué Kirill Dmitriev, le directeur du RDIF, cité par Le Figaro.
Quelle est l’efficacité du vaccin russe ?
Les concepteurs du Spoutnik V affirment que leur vaccin est efficace à 91,4 %, tandis que l’efficacité du Spoutnik V contre les cas graves d’infection à coronavirus est de 100 %. Outre ce taux d’efficacité élevé, un autre avantage réside dans sa méthode de stockage moins contraignante que pour d’autres vaccins.
En effet, le vaccin sous forme lyophilisée (déshydratée) peut être stocké à une température de + 2 + 8 degrés Celsius, bien loin de la température de -80 degrés Celsius nécessaire pour stocker le vaccin produit par Pfizer et BioNTech.
Pourquoi est-il controversé en Occident ?
La controverse est principalement due à la vitesse perçue comme trop rapide dans la conception de ce vaccin. Spoutnik V a en effet été annoncé en mai dernier alors que la pandémie n’avait émergé que depuis quelques mois.
Il a également été le premier vaccin anti-Covid enregistré à travers le monde dès le mois d’août dernier, alors que le consensus tablait sur une période de conception d’au moins une année pour un vaccin contre le coronavirus.
L’autre aspect suscitant le scepticisme, et Spoutnik V n’est pas le seul vaccin dans ce cadre, réside dans le fait qu’il n’y a pour l’heure aucune étude indépendante confirmant le taux d’efficacité du vaccin. Les critiques font également état d’un échantillon de population testée jugé trop faible pour tirer des conclusions.
Pour sa part, le laboratoire Gamaleya et le RDIF indiquent que 40 000 volontaires ont participé à l’étude clinique post-enregistrement de Spoutnik V en Russie et que des essais cliniques du vaccin ont été annoncés aux Émirats arabes unis, en Inde, au Venezuela et en Biélorussie.
En Russie, 43 % de la population se disent prêts à se faire vacciner, selon un sondage Ipsos. Et d’après les instituts russes Levada et Vtsiom, ce taux est de 38 %. En Algérie, aucun sondage n’a été fait sur la vaccination anti-Covid.