Politique

Coronavirus : les appels à la suspension momentanée du hirak se multiplient

Les appels à suspendre les marches hebdomadaires pour éviter une propagation du coronavirus se multiplient. Certains émanent d’acteurs engagés dans le hirak, comme Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme (LADDH).

« Oui, nous devons prendre au sérieux la menace du corona, hirak et pouvoir, pour faire face, la trêve est inévitable », écrit le militant dans un post sur les réseaux sociaux.

Abdelaziz Rahabi, ancien ministre et diplomate, a aussi lancé un appel dans ce sens ce dimanche 15 mars, estimant que « l’Algérie connait une situation d’urgence sanitaire imposée par la dangerosité du coronavirus, la précarité de notre système de santé et le non suivi des mesures préventives nécessaires qu’on observe dans les autres pays ».

« La suspension temporaire des manifestations s’impose comme un devoir national pour préserver la santé publique, et ne constitue nullement une atteinte au droit du citoyen à se déplacer et à manifester pacifiquement pour porter ses revendications légitimes de justice et de liberté, dans des conditions sanitaires sûres », a écrit Rahabi sur sa page Facebook.

Hafid Derradji, qui a fortement soutenu le hirak dès le début, appelle lui aussi à la sagesse de part et d’autre.

« Le hirak veut une vie meilleure pour les Algériens. La vie meilleure impose aujourd’hui la suspension momentanée du hirak et la prise de mesures de prévention pour préserver la vie des gens. Le pouvoir est aussi appelé à prendre des mesures préventives, à libérer les détenus du hirak et à cesser de les harceler », estime le célèbre commentateur sportif.

Sofiane Djillali, lui, tient des propos très durs à l’égard de ceux appellent les gens à continuer à marcher. « La pandémie est très sérieuse. Ses conséquences pour un pays comme L’Algérie peuvent être gravissimes sur le plan sanitaire. Quant aux suites économiques, cela peut être cauchemardesque. Ceux qui poussent les Algériens à continuer à sortir dans la rue sont soit totalement inconscients soit des criminels. Le hirak est bien plus que des manifestations de rue. C’est un nouvel état d’esprit dans le pays. Nul ne peut revenir en arrière. Le hirak doit maintenant s’incarner dans de nouvelles forces politiques et conquérir les institutions par le travail démocratique. En attendant, il est impératif de protéger la santé des populations », a indiqué le président de Jil Djadid dans une déclaration à TSA.

De son côté, le professeur Nourredine Melikchi appelle à suspendre les marches, tout en précisant que cela n’est nullement une remise en cause du hirak. « Mes convictions sur les mérites du hirak demeurent les mêmes mais compte tenu de la nature hautement contagieuse de Covid-19, j’exhorte mes compatriotes à suspendre temporairement le hirak et éviter les foules. Cela n’isolera pas de manière permanente les gens de Covid-19 mais ralentira sa propagation », indique-t-il.

« Une potentielle suspension temporaire du Hirak n’est pas un signe de faiblesse mais de sagesse et maturité. À mon avis, en contribuant à la protection de la santé des plus fragiles d’entre nous, une fois que la pandémie sera sous contrôle, le hirak reviendra plus fort et plus déterminé », estime l’homme de science.
Samedi, le premier ministre avait appelé le hirak à l’union sacrée pour faire face au risque d’une épidémie. « Nous attendons de tous les Algériens et Algériennes qu’ils aient cette conscience collective. Devant les épreuves et les crises, le peuple algérien s’unit toujours. D’un point de vue biologique et sanitaire, nous sommes devant une vraie guerre, nous devons donc s’entendre et s’unir pour préserver la santé du peuple algérien (…) Je voudrais dire à mes frères et sœurs du hirak que nous ne sommes pas là pour chercher l’utilisation politique de ce mouvement comme le pensent certains, mais je leur dis faites très attention, il s’agit de votre santé et de votre vie », a déclaré Abdelaziz Djerad.

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