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Coronavirus : les mesures prises par l’Algérie sont-elles suffisantes ?

Coronavirus : les mesures prises par l’Algérie sont-elles suffisantes ?

L’épidémie du coronavirus continue de se propager dans le monde. Pour endiguer la progression du virus de nombreux pays ont pris des mesures draconiennes, à l’image de l’Arabie saoudite qui notamment a suspendu la Omra et les liaisons aériennes avec six pays.

En Algérie, où le nombre de contaminés a atteint 20 cas, les mesures prises par le gouvernement sont-elles suffisantes pour éviter la propagation de la maladie ?

Globalement, les experts et professionnels de la santé jugent que la situation n’est pour le moment pas aussi alarmante tout en insistant néanmoins sur l’obligation d’observer les règles d’hygiène.

Le président du Conseil de l’ordre des médecins, Dr Bekkat Berkani est d’accord avec le Dr Djamel Fourar sur le fait que la situation épidémiologique dans le pays ne nécessite pas pour le moment d’interdire les rassemblements (stades, mosquées…).

« La situation épidémiologique n’est pas préoccupante dans notre pays. Nous avons une vingtaine de cas individualisés actifs qui ont tous été importés. Par conséquent, nous ne sommes pas arrivés à un stade d’un foyer épidémique. Il n’y a pas lieu franchement de commencer à prendre des mesures conservatoires », estime le Dr Bekkat Berkani dans une déclaration à TSA. Pour lui, il faut par contre insister sur les mesures préventives (lavage de mains, utilisation de mouchoirs jetables…) et ne pas cesser de les marteler pour sensibiliser la population.

De son côté, le président de la Forem, Pr Mustapha Khiati juge que le passage au stade 2 « n’est pas très justifié » dès lors que la majorité des cas dépendent de la même source.

« La situation est pour le moment maitrisée », soutient-il. Néanmoins, le professeur Khiati estime « tout à fait normal » de renforcer les mesures de prévention notamment avec les foyers importants en particulier l’Italie.

Le Pr Khiati invite à multiplier les points de contrôle aux frontières et réduire le temps nécessaire pour le dépistage des cas suspects.

« Lorsqu’on procède à des prélèvements, il faut faire en sorte que les résultats soient rendus le même jour. Pourquoi attendre plus de 24 heures ? L’Institut Pasteur doit se déconcentrer et ouvrir de véritables antennes et ne pas se contenter uniquement d’équipes de prélèvement. Il faut aussi faire en sorte de contracter des partenariats avec les CHU pour que les laboratoires des hôpitaux puissent faire des analyses », propose le Pr Khiati qui insiste sur la nécessité de réduire les temps d’identification des cas suspects.

« On ne sait pas comment la situation évoluera »

Dr Bekkat Berkani recommande de se préparer à une épidémie notamment en prévoyant des endroits où on peut isoler à la fois le sujet suspect, le sujet contact et le sujet malade.

Le pneumo-phtisiologue suggère d’installer dès maintenant des chalets en préfabriqué, de type cabines sahariennes, pourvus de toutes les commodités et isolés des hôpitaux classiques. « On ne sait pas comment évoluera la situation à l’avenir surtout avec l’arrivée des vacances avec leur flux d’émigrés », souligne Dr Berkani.

S’agissant des contrôles aux frontières et du degré de leur efficacité, Dr Berkani estime qu’il ne s’agit que de dépistage « sans plus », en suggérant des mesures plus concrètes.

« Personnellement, j’aurais souhaité qu’il y ait dans les aéroports des fiches sanitaires à remplir par les personnes arrivant dans le pays. Ces fiches comporteront les noms, les adresses et les coordonnées (mail, numéro de téléphone…) afin d’avoir une traçabilité. J’ignore si cela se fait, mais personnellement je suis revenu il y a une semaine, on ne m’a rien demandé », relève ce médecin spécialiste pour qui l’incertitude réside dans la traçabilité.

Pour Terkmane Yacine, Président du Conseil régional de l’Ordre des Médecins de Blida, la situation n’est pas aussi alarmante.

« Je crois que les mesures qui devaient être prises l’ont été, ce sont les mesures qui ont été prises un peu partout dans le monde (lavage des mains, bavettes, etc. Espérons qu’elles endiguent la propagation du virus », estime Dr Terkmane.

Le médecin ne se veut surtout pas alarmiste tout en disant qu’il ne peut pas prévoir l’évolution de la situation, et dit ne pas constater d’état de psychose à Blida suite aux cas déclarés de coronavirus.

Il constate même une situation à la limite de la normale comme pour le reste des autres régions du pays. « Ici à Blida, quelques enfants portent des bavettes. Je dis bien quelques-uns. Ce n’est pas comme en Chine où vous ne trouvez pas quelqu’un sans bavette. Ce n’est pas le cas chez nous », relève Dr Terkmane. « Grosso modo, l’impression ambiante chez les citoyens est que la situation n’a pas atteint un stade qui justifierait de sortir la grosse artillerie », appuie-t-il.

Médecins libéraux : les oubliés du dispositif de prévention ?

Concernant les mesures de prévention prises par les praticiens de santé qui sont en première ligne face l’épidémie du Covid-19, Dr Berkani Bekkat déplore que 50% des médecins libéraux installés en ville n’ont pas reçu de recommandation de la part du ministère de la santé sur les mesures préventives à prendre.

« On aurait gagné à être organisés et à avoir des informations précises de la part de la tutelle « , soutient-il Pour l’heure, d’après Dr Berkani, les médecins libéraux « se débrouillent » avec des masques qu’ils se procurent eux-mêmes.

« Personne n’est venu nous dire voilà on vous donne des masques », déplore le président de l’ordre des médecins qui réitère sa suggestion pour la mise en place d’une agence de veille sanitaire.

« Cette agence pourra jouer un rôle à la place du ministère de la santé dont la mission est de gérer les hôpitaux. C’est à cette agence de veille sanitaire, qui fera office de haute autorité de santé, indépendante du ministère de la santé, de donner des directives et de prévoir des mesures comme l’installation des cabines et la distribution des masques, d’informer les corps médical et paramédical et l’ensemble des citoyens », détaille-t-il.

Vendredi, le ministre de la Santé Abderahmane Benbouzid a annoncé que l’Algérie était passée au « stade 2 » du coronavirus (Covid -19). Ce lundi, il a annoncé que tous les hôpitaux du pays vont réserver des boxes d’isolement aux malades atteints de coronavirus.

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