Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Les pharmacies d’Alger ont été dévalisées. Il ne reste plus de masques dit « chirurgical » ni de gel antiseptique.
La tension sur ces produits, surtout les masques, a commencé il y a un mois avec les premiers cas de coronavirus déclarés en Chine. Elle a connu son paroxysme depuis l’annonce hier au JT de 20 heures de l’ENTV du premier cas de coronavirus en Algérie.
La nouvelle s’est propagée comme une trainée de poudre, affolant les citoyens et les précipitant dans les officines. Douche écossaise à l’arrivée au comptoir : pénurie de masque et de gel antiseptique. Nous avons-nous aussi fait la tournée des pharmacies pour prendre la température. Aucun de ces articles n’est disponible.
Grosse pénurie
À la pharmacie des Beaux–Arts (Telemly), c’est la rupture de stock comme nous l’affirme la pharmacienne. « Dès la déclaration de l’épidémie dans la ville de Wuhan en Chine, nous avons reçu de nombreux ressortissants chinois qui ont acheté les stocks de masques pour les envoyer à leurs familles. Les grossistes nous donnaient alors six boites par semaine. Chacune d’elle contenait 100 pièces. Tout s’est vendu comme des petits pains. Nous sommes en rupture de stock depuis une dizaine de jours. Depuis ce matin, c’est l’affolement général. Des centaines de clients cherchent désespérément les masques et le gel antiseptique. Ils sont introuvables. Même les grossistes n’ont en plus. C’est la grosse pénurie ».
Tout a été vendu en 2 heures de temps
Même son de cloche à la pharmacie Mimouna (sur les hauteurs de la rue Didouche Mourad). Nawel l’une des pharmaciennes de cette officine a assisté à un déferlement inhabituel ce matin.
« J’ai ouvert la pharmacie vers 7h du matin. Et à 9h, le dernier stock de masque de type chirurgical a été épuisé. Les clients voulaient tout emporter. On leur en a vendu une dizaine chacun pour satisfaire le maximum de demandes. On a reçu même des parents qui nous ont dit que les instituteurs et les enseignants ont réclamé à leurs élèves de venir en classe avec des masques sur le nez. Les Chinois étaient les premiers à nous en acheter pour les envoyer à leurs familles. Ils étaient même à la recherche de thermomètre frontal vendu 6000 da. C’est vous dire l’inquiétude qui s’est emparée de la population surtout depuis le premier cas de coronavirus découvert en Algérie ! ».
Psychose
À quelques mètres de là, la pharmacie Laoubi est prise d’assaut par des clients à la recherche de masques et de gel. Farida la pharmacienne hoche la tête, de droite à gauche. « Désolée. Rupture de stock. Ni gel, ni masque ! ».
La panique se lit sur les visages et les clients se demandent où ils pourraient se procurer les masques anti-projection. Farida nous informe qu’elle a vendu des milliers de masques depuis le début de l’épidémie.
« Ensuite il y a eu rupture de stock. Les grossistes eux même n’ont en plus. Il y a des gens qui en ont achetés pour envoyer à leurs familles en France et à des connaissances en Chine. Les gens sont en panique. Et depuis 48 heures, la tension est à couper au couteau. On reçoit des centaines de clients qui demandent la même chose : masque et gel antiseptique ».
Nous avons visité une dizaine d’autres pharmacies. Partout la même réponse : ni gel ni masque ! Les officines ont toutes été « dévalisées » par les clients.
L’épidémie de coronavirus inquiète les citoyens qui ne savent pas comment se protéger face au spectre de la pandémie. Les pouvoirs publics sont plus que jamais interpelés pour rassurer et protéger les citoyens qui se sentent impuissant devant cette pénurie de masques et de gels antibactériens.