Amina Belharizi est psychologue clinicienne, formatrice en psychologie, créatrice et productrice d’outils éducatifs, productrice des programmes de développement des capacités pour enfants et adultes, fondatrice et manager de Wissal Épanouissement (entreprise de coaching et de formation en psychologie et en développement personnel, d’accompagnement et de prise en charge psychologique des enfants et des adultes, organisation des événements scientifiques).
Dans cet entretien, la spécialiste nous donne quelques conseils pratiques pour mieux vivre le confinement.
Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire due au Covid-19 sur l’état psychologique de la population ?
Amina Belharizi : Nous vivons actuellement une période de choc et de stress ; choc vu que le virus est mortel, on ne s’y attendait pas et nous n’avions jamais vécu une telle crise/pandémie mondiale ; stress vu que nous n’avions jamais vécu une situation pareille, ce qui fait que notre cerveau (inconsciemment) l’interprète comme une situation qui se complique de jour en jour, qu’il n’y a pas de solutions, et que la finalité c’est la mort : notre propre mort ou celle d’un proche. Tout ça est le résultat d’une angoisse de la mort et de la baisse des impulsions de la vie. La majorité des gens disent que les jours se ressemblent, que le temps est lent, il n’y a pas de nouveau. Alors que ce n’est qu’une perception subjective qu’on ne peut pas généraliser. Les chercheurs sont à cheval pour trouver des solutions à ce virus, plusieurs protocoles sont testés et appliqués dans le monde entier. Dans cette période, pour pouvoir vaincre le stress, il n’y a pas mieux que de s’accrocher à ses objectifs tout en s’adaptant à la situation actuelle.
Quels conseils pourriez-vous donner aux citoyens pour mieux vivre le confinement ?
Pour bien passer cette période, voici mes conseils. Garder ses habitudes : par exemple se réveiller à temps (comme on le faisait avant), se coiffer, changer ses vêtements (mettre de jolis vêtements) même si on va rester chez soi. C’est important de garder ses bonnes habitudes pour ne pas être déboussolé et pour garder une bonne mine. On peut aussi faire de l’activité physique chez soi : quelques étirements, squats, relaxation, méditation, etc. En cas d’attaque de panique (accélération du rythme cardiaque/ tachycardie) et respiratoire : pratiquer les techniques de relaxation (respiration abdominale profonde, exercices de cohérence cardiaque, de l’hyperventilation et le ralentissement respiratoire, la méditation.) On peut en outre gérer son temps, en établissant un planning d’activités quotidiennes : un emploi du temps bien varié, on y trouve un moment pour les activités créatives (dessin par exemple ou bricolage pour créer des petits jeux), un moment de lecture, un moment pour apprendre (une langue par exemple ou une formation en ligne), un moment pour cuisiner…
Nous avons tous quelque chose qu’on a voulu faire mais on ne l’a pas fait vu que nous n’avions pas le temps, alors l’occasion nous est venue avec ce confinement. Il faut par ailleurs voir les informations et les suivre de sources fiables comme l’OMS par exemple et consacrer un moment bien précis pour ça. Enfin, on peut faire des jeux de société avec sa famille pour renforcer les liens et absorber l’énergie négative.
Le confinement sanitaire malgré son importance, n’est pas totalement respecté par nos concitoyens. Les gens continuent à vaquer à leurs occupations quotidiennes sans le moindre respect des consignes de prévention. Comment expliquez-vous cette attitude ?
Il y a plusieurs types de personnes. Premièrement, celles qui ne croient pas que le virus existe (et ça c’est un mécanisme de défense : le déni), ces personnes présentent un grand danger vu qu’elles s’exposent au virus, elles n’utilisent aucun moyen de protection, le plus grand danger c’est qu’elles soient des porteuses saines. Deuxièmement, il y a ces personnes qui se voient en bonne santé, et elles sont convaincues qu’elles ne seront jamais touchées. C’est une idée figée qu’elles sont fortes, qu’elles ont un système immunitaire très puissant ! Mais personne ne sait ce qui se cache sous sa peau ! En troisième lieu, il y a ces personnes qui sont en dépression aiguë et malheureusement veulent quitter ce monde et l’occasion leur est venue. À mon avis, la sensibilisation ne suffit pas, il faut les pénaliser par des amendes comme cela se fait dans le monde.
Quelles activités pourriez-vous proposer aux parents justement pour occuper le mieux possible les enfants au-delà des programmes télés et des appareils électroniques ?
Pour les enfants, il y a plusieurs activités à faire chez soi, des activités de développement des capacités : jeux de société, dessin, concentration, mémorisation, logique, travailler sur le comportement surtout, la stabilité, l’écriture, la lecture, les calculs, la dictée et surtout l’expression orale et écrite.
Pour pouvoir exercer mon métier à distance afin de casser la chaîne de propagation du virus, je propose quotidiennement une série d’exercices et d’activités pour enfants et adultes, à faire à la maison via ma page Facebook : Wissal Epanouissement et développement personnel, c’est tout un programme. Je conseille de faire les mots fléchés, mots croisés, pixel art (dessin graphique), tangram (un jeu de concentration, son catalogue est disponible gratuitement sur internet). Je demande aux parents de tracer un emploi du temps pour leurs enfants, et mettre les activités à faire quotidiennement.
Des conseils à donner aux parents qui font du télétravail ?
Concernant ces parents, mon seul et unique conseil c’est de bien gérer leur temps et responsabiliser les enfants ; mais quand ceux-ci sont en bas âge, ce qu’ils peuvent faire c’est bien de se partager les tâches afin que chacun puisse faire son travail et s’occuper des petits dans des conditions favorables.
Cette crise sanitaire, au-delà de son aspect dramatique, pourrait-elle une fois endiguée, changer les comportements des gens ?
Cette crise va changer beaucoup de comportements. Pour les gens qui se lâchent et qui ne font rien durant ce confinement, ils deviendront plus fainéants, beaucoup moins productifs à l’issue de cette crise. Pour ceux qui ont pris le bon côté des choses et qui se sont mis à travailler sur le développement de leurs capacités, après la crise ils deviendront plus productifs, ils auront un meilleur rendement. Je suis certaine que nous allons découvrir des talents !