Le wali de Béchar, Mohamed Saïd Ben Kamou, est en colère et il le fait savoir. Ces derniers mois, il a multiplié les sorties fracassantes, que ce soit au sujet des constructions anarchiques, ou de l’insalubrité qui règne au chef-lieu de cette wilaya du sud de l’Algérie.
» Il n’y a pas de gâteaux «
Ce dimanche 19 juin, il s’est attaqué à la question des passes-droits et a dénoncé la corruption autour de la passation des marchés publics.
Dans une allocution retransmise sur les chaînes TV, le wali de Béchar a déclaré : « Au niveau des conseils, tout se passait bien. Mais depuis que je leur ai remis les PCD (plans communaux de développement), ils sont en dispute« .
« Pourquoi ne s’entendent-ils pas ? », a-t-il interrogé, avant de répondre : « À cause du gâteau ». « Il n’y a pas de gâteau », a-t-il ensuite tranché. Comprendre : pas de commissions à partager.
« Je vais dénoncer »
Le premier responsable de Béchar a affiché sa volonté de lutter contre la corruption dans sa wilaya. « Ceux qui veulent travailler avec moi doivent coudre leurs poches avec du fil (…) Je vais dénoncer tous ceux qui usent de la corruption« , a-t-il mis en garde.
« Même les receveurs et les trésoriers communaux font du business. Je vais les dénoncer et dénoncer ceux qui les couvrent », s’est-il engagé avant d’être applaudi par l’assistance.
« Attention, je vais mettre un terme à ces pratiques. Tout se sait. Je reçois toutes les informations et je suis au courant de tout ce qui se fait« , a prévenu M. Ben Kamou
Le wali de Béchar, qui dit souhaiter que son message soit passé, a ensuite lancé un dernier appel: « J’espère que je vous trouverai à mes côtés pour traiter ces dossiers, trouver des solutions aux problèmes de notre wilaya et l’élever au rang des wilayas développées« .
En juin 2021, le procureur de la République du tribunal de Sidi M’hamed a pointé l’ampleur de la corruption dans les marchés publics en Algérie. « Quand on analyse les affaires présentées au Pôle économique et financier, et en les examinant bien on s’aperçoit que la source de la corruption ce sont les marchés publics », a-t-il dit.
De nombreuses enquêtes sur la grande corruption ont été lancées en 2019, après la chute du président Abdelaziz Bouteflika. Elles ont conduit à la condamnation de plusieurs anciens hauts responsables et chefs d’entreprises, pour des faits de corruption, liés aux marchés publics.