Économie

Corruption : l’Algérie traque les fonds détournés dans 30 pays

L’Algérie déploie d’importants moyens judiciaires pour récupérer les fonds détournés par les oligarques qui ont été condamnés à la prison dans des affaires de corruption.

Samedi, le président Abdelmadjid Tebboune a indiqué que l’Algérie a déjà « récupéré 20 milliards de dollars » des fonds détournés par les hommes d’affaires et hommes politiques durant le règne du président Abdelaziz Bouteflika.

Ce mardi, le ministre de la Justice Abderrachid Tebbi a répondu à ceux qui ont exprimé des doutes sur la crédibilité de ce chiffre qui semble énorme. « 20 milliards de dollars n’est qu’une première estimation, le chiffre est appelé à augmenter, et ce en attendant d’autres décisions définitives de la justice » sur les condamnations dans le cadre de la lutte contre la corruption, a-t-il expliqué, en donnant quelques chiffres sur les biens saisis : « 4213 biens immobiliers, 401 biens industriels et cela concerne uniquement les usines ».

Le ministre a cité les usines de ciment à Relizane, de l’acier à Berrahal (Annaba) et M’sila, les unités de montage de voitures à Boumerdes, Tiaret, Relizane et Saïda, les unités de fabrication de l’huile de table à Jijel, Oran et Alger.

M. Tebbi a donné en outre des nouvelles de cette opération de grande envergure lancée par les autorités pour récupérer l’argent détourné vers l’étranger.

« Au niveau international, la justice a délivré 220 commissions rogatoires et demandes d’entraide judiciaires au niveau de plus de 30 pays afin de cerner les fonds et les biens, les saisir et les confisquer », a indiqué le ministre de la Justice devant les députés de l’APN.

M. Tebbi a indiqué que le processus de récupération des fonds détournés par les oligarques a connu des débuts difficiles. « La réponse n’était pas à la mesure de nos attentes. Nous étions conscients que le processus de récupération des fonds détournés à l’étranger était long, difficile et complexe, en raison notamment de la complexité de la procédure de suivi et des différences entre les systèmes judiciaires des pays. En plus, il n’y avait pas de volonté de coopérer avec l’Algérie », a-t-il expliqué.

Récupération des fonds détournés : l’Algérie change de méthode

Face à la difficulté, l’Algérie a changé de méthodologie en 2021 en adoptant une nouvelle approche, qui commence à donner des résultats, a-t-il ajouté.

« Une démarche globale a été adoptée pour récupérer les fonds détournés, avec la participation de tous les services concernés y compris les représentations diplomatiques et nous avons lancé la bataille à nouveau. Après plus d’une année et demie, nous avons remarqué que de nombreux pays sont convaincus du sérieux de la démarche algérienne et de sa crédibilité. Ils ont constaté l’ampleur des dégâts occasionnés à l’économie et l’importance des dossiers qui leur ont été présentés », a-t-il développé.

Parmi ces pays où l’Algérie traque les fonds détournés par les oligarques, le ministre Tebbi a cité la France, les États-Unis, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni. « Nous sommes arrivés à une coordination directe avec les autorités judiciaires des pays concernés. Les magistrats algériens tiennent des rencontres avec leurs homologues français, américains, italiens, espagnols et britanniques au sujet de la récupération des fonds détournés », a ajouté le ministre de la Justice.

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