Bottes à paillettes, corsets rococo et plumes roses: la sixième édition de l’Arab Fashion Week s’est ouverte mercredi soir à Dubaï avec des collections parfois kitch, ignorant l’abaya, habit féminin emblématique de la région.
Organisée sur le paquebot Queen Elizabeth II transformé en hôtel, l’Arab Fashion Week accueille des couturiers de Russie, du Portugal, des Emirats arabes unis, des Philippines, du Liban, d’Arabie saoudite et d’autres pays.
Organisé tous les six mois, ce rendez-vous est considéré comme un évènement international de la mode, tout comme les défilés de Paris ou de Milan.
Il promeut des pré-collections et la Ready Couture, concept entre haute couture et prêt-à-porter, qui vise les standards de la haute couture mais qui est proposée sur le marché avec une possibilité de personnalisation et de livraison rapide.
Le couturier philippin Furne One, apprécié à Dubaï pour ses créations éthérées, a ouvert cette manifestation de quatre jours avec sa collection “White Noise”, inspirée par des anges.
Avec une doublure blanche ailée, des larmes de perles sous les yeux et des bas résille, ses mannequins ont défilé en pantalon, en robes et en capes fluides, drapés de la tête aux pieds en dentelle et voile.
“L’inspiration de cette collection, ce sont les anges. Des anges blancs, des anges déchus, toutes sortes d’anges, qui sont ici sur terre”, a dit Furne One, dont les collections sont souvent inspirées par des créatures mythiques.
“Les anges sont avec nous. Ils sont avec tout le monde”.
– Hommage à Marie-Antoinette –
La Russe Tatiana V. Lyalina a rendu hommage à Marie-Antoinette, la femme de Louis XVI, avec une collection d’inspiration rococo et une touche kitch: haute perruque avec plume rose et lunettes assorties, tailleur bleu ciel avec coeurs roses et étole en fourrure dans les mêmes tons, bottes à paillettes et corsets.
L’arrivée de la Ready Couture, une forme de mode plus accessible financièrement que la haute couture, n’a pas été particulièrement bien accueillie par les gardiens traditionnels de la mode, mais l’influence croissante des médias sociaux a fait que sa popularité continue à monter en flèche.
Le Conseil de la mode arabe, organisateur de l’Arab Fashion Week, se propose de la diffuser dans toute la région, et au-delà.
“Avec l’évolution du marché et du commerce de la mode, nous avons remarqué que (…) même à Paris, de nombreux créateurs ont essayé de passer de la haute couture à la Ready Couture”, a déclaré Jacob Abrian, directeur du Conseil de la mode arabe.
“C’est à cause de l’économie, à cause de la situation financière, à cause des médias sociaux, à cause de votre vie sociale. Vous avez tendance à aller à plus d’événements qu’avant et vous avez tendance à dépenser moins (…) mais vous garderez un certain niveau de luxe”, a expliqué M. Abrian à l’AFP.
“Je crois que c’est un outil très important entre nos mains (…) Nous pouvons pousser l’Arab Fashion Week à devenir l’une des premières et des plus importantes semaines de la mode au cours des dix prochaines années”.
Et signe du succès dans le monde arabe, l’Arab Fashion Week a désormais une version saoudienne, la Ryad Arab Fashion Week.
Celle-ci s’est tenue en avril dans la capitale saoudienne, attirant la presse du monde entier. Des créateurs comme Jean Paul Gaultier et Roberto Cavalli y ont participé, mais la manifestation a été fermée aux hommes, aux photographes et aux caméras de télévision.