L’avant-projet de loi de finances complémentaire prévoit de fortes augmentations pour les taxes et droits de timbre des documents biométriques tels que la carte d’identité nationale qui sera délivrée à un prix de 2.500 dinars et le passeport qui coûtera au moins 10.000 dinars.
Répondant à une question sur la polémique soulevée par ces augmentations, Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur, a défendu la proposition arguant que le « progrès a un coût ». « La carte d’identité biométrique en France coûte, je crois, 33 euros », a déclaré le ministre lors d’un point de presse conjoint avec le ministre de l’Agriculture, samedi 26 mai.
Noureddie Bedoui réagit aux protestations de nombreux Algériens sur les réseaux sociaux. Des appels au boycott de la carte d’identité biométrique, du passeport et de la carte d’immatriculation électronique ont même été diffusés par de nombreux utilisateurs de Facebook et Twitter.
Une comparaison boiteuse
D’abord, cette affirmation de Noureddine Bedoui est fausse. En France, la carte d’identité biométrique est gratuite depuis le 1er septembre 1998. Pour son renouvellement, seuls ceux ne présentant pas leur ancienne carte sont soumis à un droit de timbre de 25 euros.
En plus d’être erronée, cette comparaison par le ministre de l’Intérieur du prix d’un document algérien à celui de son équivalent français est boiteuse car elle ne repose que sur les valeurs absolues des coûts respectifs des CIN algérienne et française. Comparer ces deux prix sans les replacer dans les contextes économiques et sociaux de chaque pays ne peut refléter la réalité du prix tel que perçu par le citoyen.
Le salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) français est de 1498 euros par mois, et même si un citoyen français se retrouve dans l’obligation de payer le droit de timbre de 25 euros pour renouveler sa CIN (ce qui est rarement le cas), ce coût ne représenterait que 1,67% de ce salaire minimum alors que chaque algérien devra désormais débourser l’équivalent de 13,89% du salaire national minimum garanti algérien qui n’est que de 18.000 dinars.
Un passeport à plus de la moitié du SNMG
La comparaison du coût de la CIN biométrique algérienne à celles des pays voisins et des pays européens ne serait pas significative car dans la plupart de ces pays, la CIN est facultative et gratuite.
Mais il est possible de comparer le prix que devra payer le citoyen algérien pour obtenir son passeport si la proposition contenue dans l’avant-projet de loi de finances complémentaire qui vise à fixer le prix minimal du passeport algérien, c’est-à-dire celui de 28 pages délivré selon la procédure normale à 10 .000 dinars, est adoptée.
Dans ce cas de figure, le passeport coûtera 10.000 dinars, l’équivalent de 73 euros selon le taux de change officiel du samedi 26 mai, le passeport français coûte quant à lui 86 euros pour un adulte.
En valeur absolue, le passeport algérien est donc moins cher que le passeport français, mais la comparaison n’est significative que si on met le prix que coûtera le passeport algérien dans le contexte socio-économique du pays. Le prix du passeport algérien équivaut à 55% du SNMG alors que le passeport français équivaut à 5,74% du Smic français, quasiment dix fois moins.