Les journalistes qui couvrent les marches et autres actions du mouvement populaire font de nouveau face aux pratiques déplorables des forces de l’ordre qui entravent l’accomplissement de leur mission.
Cela a été constaté notamment lors des deux dernières marches des étudiants (dimanche 19 et mardi 21 mai). De nombreux journalistes ont subi des violences physiques et verbales et ont été délestés de leurs téléphones et autres outils de travail.
L’agression du journaliste du groupe Ennahar Abdeldjebar Benyahia a suscité une vaste indignation dans la corporation, de nombreux confrères ayant appelé à sanctionner les auteurs de cet acte et rappelé la nécessité de combattre ces comportements qui visent à empêcher les journalistes de couvrir convenablement les manifestations populaires.
Abdeljebar Benyahia a été agressé dimanche lors de la marche des étudiants à Alger et il a subi une fracture au niveau de la jambe. On lui a également retiré son téléphone portable qu’il n’a toujours pas pu récupérer.
Il raconte avoir été pris à partie par des éléments des unités antiémeutes alors qu’il couvrait la marche des étudiants près de l’hôtel Essafir. Cela a commencé avec des insultes avant que les choses ne dégénèrent. Le journaliste sera violemment poussé sur les escaliers remontant vers la Grande poste et agressé par plusieurs policiers. Son supplice n’a pris fin qu’après l’intervention des manifestants, assure-t-il. Il s’en est sorti avec une fracture à la jambe. Quant à son portable, il lui a été confisqué.
Abdeldjabar s’est fait délivrer un certificat d’incapacité de travail de 21 jours. Il impute l’entière responsabilité de ce qui lui est arrivé à la DGSN qui, « en ne réagissant pas, reconnaît l’agression ».
De son côté, la journaliste du site Algérie scoop Widad Laouedj rapporte de graves dépassements dont ce sont rendus coupables les forces de l’ordre à l’égard des journalistes lors de la marche de mardi à Alger. La journaliste assure qu’elle et sa collègue d’el Mihwar Amina Saharoui ont été agressées, insultées et aspergées de gaz lacrymogènes. Les policiers ont aussi tenté de leur prendre leurs téléphones portables avec lesquels elles filmaient ce qui se passait. Widad Laouedj assure qu’une autre collègue s’est vu confisquer son téléphone par les policiers qui ont effacé toutes les photos et vidéos enregistrées.
Ce jeudi, le groupe Echorouk a dénoncé les « dépassements des policiers » contre ses journalistes lors de la couverture des manifestations et des matches de football. Le groupe de médias menace de porter l’affaire devant les tribunaux.
Le ministère interpellé
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer le comportement des forces de l’ordre à l’égard des journalistes, devant le silence de la DGSN et du ministère de la Communication.
Parallèlement, des journalistes et des activistes ont appelé à un rassemblement ce samedi 25 mai à la place de la Liberté de la presse à Alger pour dénoncer ces agressions et exiger de mettre un terme à ces dépassements dont sont victimes les journalistes qui couvrent le hirak.
Selon le journaliste Toufik Amrani, une déclaration et une pétition seront remises ce samedi au ministère de la Communication afin de solliciter son intervention.
La réaction de la DGSN
Contacté par TSA-Arabi, le responsables de la cellule de communication de la DGSN, Abdelhakim Belouar, a assuré que des mesures ont été prises et des enquêtes sérieuses ouvertes après que des journalistes se soient plaints des agressions répétées à leur égard par les forces de l’ordre lors de la couverture des marches populaires.