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Covid-19 en Algérie : « Il est inutile de vacciner les enfants »

Covid-19 en Algérie : « Il est inutile de vacciner les enfants »

Le Pr Noureddine Zidouni, 69 ans, pneumologue au CHU Béni Messous à Alger, affirme qu’il se fera vacciner contre la Covid-19, et estime qu’il est inutile de vacciner les enfants. Dans cet entretien, il évoque les complications à long terme de la contamination au nouveau coronavirus.

Quand prévoyez-vous l’arrivée du vaccin contre la Covid-19 en Algérie ?

Comme tout le monde, j’espère que la finalisation du dossier par les autorités permettra de disposer de ce vaccin dans les délais les plus brefs.

Le vaccin signera-t-il la fin de la pandémie de coronavirus qui a fait près de deux millions de morts dans le monde, contre plus de 2800 décès en Algérie ?

Le vaccin est une partie de la solution. L’objectif c’est de vacciner au moins 60 % de la population pour que l’épidémie soit maîtrisée, en ayant l’immunité de groupe.

Il y a 500 000 doses (du vaccin russe Spoutnik qui ne sont toujours pas arrivées, ndlr) qui ont été commandées par l’Algérie, et on parle de  250 000 (autres) doses. Ce n’est qu’un début. Cette vaccination est un processus qui va durer plusieurs mois.

J’ai lu dans la presse qu’il y a plusieurs fournisseurs qui sont sollicités pour avoir d’autres types de vaccins, qui soient sûrs et ayant un pourcentage d’efficacité satisfaisant.

 À titre personnel, allez-vous vous faire vacciner contre la Covid-19 ?    

Oui, tout à fait. Parce que je réponds aux exigences. Âgé de 69 ans, je fais partie des personnes prioritaires à la vaccination.

Puisque le lancement de la campagne de vaccination en Algérie est imminent, il va falloir former le personnel qui encadre l’opération…

Absolument et d’ailleurs il y a un comité technique de vaccination qui a élaboré des stratégies, modes d’organisation et des procédures à adopter en fonction des situations qui seront constatées sur le terrain.

Le vaccin sera administré en deux doses dans un intervalle de trois à quatre semaines, en fonction du type de vaccin. Les deux doses serviront à stimuler l’immunité.

Par conséquent, s’il y a 500 000 doses, ce sont 250 000 personnes qui seront vaccinées. La plupart des vaccins anti-Covid sont utilisés en deux injections.

Entre les deux doses nécessitera forcément une surveillance…

Oui, mais c’est une surveillance qui est simple à réaliser : interroger le citoyen vacciné sur ce qu’il ressent, son état général, sur l’existence d’effets indésirables qui sont codifiés.

Ce travail relève de la mission du médecin généraliste des unités de santé. C’est un examen de routine. On identifie les sujets qui ont des signes. Un registre d’effets secondaires serait ouvert dans les centres de vaccination.

L’Algérie est-elle en retard dans la vaccination ?      

Vous savez il y a une demande mondiale (sur les vaccins) et je comprends qu’on n’ait pas pu avoir des vaccins disponibles aux mêmes dates que d’autres pays, mais je ne pense pas que ce soit tardif parce que notre situation (sanitaire) n’est pas comparable à celle de nos voisins du Nord de la Méditerranée, le nombre de malades chez nous n’est pas très important.

Et je constate que la population comprend de mieux en mieux l’intérêt qu’il y a à respecter les mesures barrières.

Le processus (vaccinal) est encore maîtrisable à condition que nous ayons cette possibilité de vaccination à large échelle d’ici la fin de ce mois (janvier).

Êtes-vous optimiste ?   

Je suis réaliste. C’est-à-dire qu’il s’agit d’une organisation, un schéma organisationnel d’une politique de santé qui vise à lutter efficacement contre le Coronavirus par la détection et le traitement précoces, par l’isolement précoce des sujets contact identifiés.

Par le traitement disponible en ambulatoire,  le respect strict des mesures barrières et la coercition contre les personnes qui ne les respectent pas, et enfin par l’application la plus large et la plus rapide possible d’une vaccination à grande échelle dans notre pays. Ce sont là les éléments de la stratégie qui me permettent d’être réaliste.

Quelles sont les catégories qui devront être vaccinées en priorité en Algérie ?      

Évidemment les sujets âgés et ceux qui présentent des comorbidités, ensuite les personnels soignants qui sont en première ligne.

L’urgence, ce sont les personnes âgées de plus de 65 ans qui ont des comorbidités. Par la suite, on pourra vacciner les sujets entre 55 et 65 ans qui présentent des facteurs de comorbidités, ainsi de suite jusqu’à atteindre une grande majorité de la population.

Je pense qu’il n’est pas utile de vacciner les enfants puisque jusqu’à leurs 15 ans, la prévalence de la morbidité n’est pas très importante. Et si on agit sur l’immunité de groupe, ils seront moins exposés.

On enregistre au niveau des structures de santé de plus en plus de malades qui se présentent avec des complications dues au Covid notamment pulmonaires…Qu’en est-il ?

Ici au CHU (de Béni-Messous), ces cas ne sont pas importants mais l’on sait qu’il y a des effets Covid avec des lésions dans les poumons (fibroses pulmonaires) mais on n’en a, à vrai dire, pas beaucoup.

Il y a des signes cliniques, et là j’en reçois des cas, de fatigabilité qui dure quelques heures à quelques jours, qui disparaissent pour ensuite réapparaître.

Il y a aussi des lésions pancréatiques qui se sont révélées être des complications du Covid avec des élévations transitoires mais dans certains cas durables de la glycémie et donc de diabètes, et ceci a été enregistré dans la plupart des pays qui ont été confrontés au Covid. Des publications commencent d’ailleurs à sortir sur les effets à long terme du Covid-19.

| Lire aussi : Arrivée du vaccin anti-Covid : l’Algérie toujours dans le flou

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