Le Pr Noureddine Zidouni, expert en maladies respiratoires, qualifie de grave la situation sanitaire liée au covid-19 en Algérie. Il appelle à des mesures hardies pour faire respecter les mesures barrières.
La situation sanitaire liée au covid-19 en Algérie est-elle grave ?
La situation est effectivement grave, et nous l’avions prédit. Personnellement, j’avais dit que le pire était devant nous et ce en me basant sur des données factuelles et des tracés des contaminations virales, en les superposant et en les alignant à partir de données sur la densité de la transmission virale.
Comment la circulation de nouveaux variants, notamment le delta, a-t-elle contribué à cette nouvelle flambée du covid-19 en Algérie ?
Sur l’apparition de nouveaux variants, je pense qu’il y a eu défaillance aux entrées du pays. En demandant aux Algériens un test PCR, un compte rendu de vaccination et un confinement, ce que je trouvais légitime, parallèlement des compagnies étrangères atterrissaient à Alger avec des passagers qui venaient d’Orient et d’Extrême-Orient et qui étaient déjà porteurs du variant delta.
Ces personnes n’ont subi aucun contrôle et sont à l’origine de la propagation du variant delta en Algérie. En me basant donc sur ces données, j’avais dit qu’il y avait très vraisemblablement un pic à atteindre.
Nous sommes aujourd’hui au pic de la 3e vague qui va durer, je pense, entre deux à trois semaines, cela si les conditions de mise en garde sont prises. Il faut absolument faire en sorte que la population respecte obligatoirement les mesures barrières.
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Quel type de riposte préconisez-vous ?
Il me semble, et je le dis en toute honnêteté, qu’il doit y avoir un comité de pilotage de la pandémie. Un comité multisectoriel qui doit regrouper tous les départements ministériels concernés par la pandémie avec cinq ou six ministères qui seront partie intégrante du comité de pilotage. Ce dernier doit être piloté par les ministères de l’Intérieur et de la Santé.
De façon que chaque département ministériel se sente responsable. Ce n’est pas à mes amis du comité scientifique d’alerter sur les regroupements dans les marchés et les transports.
Ce comité de pilotage doit, dans les lignes de son domaine d’activités, entreprendre des mesures légales et coercitives pour freiner cette expansion brutale de la pandémie qui nous amène à un dépassement de l’offre de soins contre lequel j’ai alerté en mai dernier.
J’ai apprécié par exemple que le wali d’Alger, quoiqu’avec énormément de retard, ait pris la mesure de la suspension des fêtes de mariage et des rassemblements. Je me pose la question suivante : à quoi sert un couvre-feu de minuit à 4h du matin ?
Nous ne sommes ni à Rio de Janeiro ni à Los Angeles où les soirées sont festives. Il y a très peu de personnes qui circulent pendant cette période-là en Algérie. Par conséquent, le risque d’une transmission virale entre minuit et 4h du matin est quasi nul. Il faut revenir à un couvre-feu de 20h à 5h du matin, il faut avoir le courage de ces décisions.
La vaccination anti-covid connaît un certain engouement parmi les Algériens. Une bonne nouvelle ?
Heureusement que la vaccination commence à atteindre son rythme de croisière. Il ne faudrait surtout pas qu’il s’estompe. Il faut continuer crescendo la vaccination de la population.
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