La campagne de vaccination contre le Covid-19 en Algérie continue de susciter des critiques de la part des professionnels de la santé, en raison de sa lenteur.
Le Pr Kamel Senhadji, président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire s’est alarmé de la lenteur de cette campagne, et le Dr Mohamed Bekkat Berkani a déploré le retard de l’Algérie dans la vaccination. De son côté, le Dr Lyes Merabet fait le même constat.
Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a déploré ce mercredi les difficultés rencontrées par la campagne de vaccination contre la maladie à coronavirus Covid-19 en Algérie.
« Le constat qu’on peut faire en tant que professionnel et en tant que citoyen aussi, c’est que ça a démarré, oui certainement, mais il y a des difficultés dans le déroulement de cette campagne de vaccination », estime le Dr Merabet dans une déclaration faite à TSA ce mercredi.
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« Tenant compte des objectifs qui lui sont assignés, c’est-à-dire réaliser un taux de couverture vaccinale au minimum à 60 ou 70 % de la population, on est quand même sur des chiffres qui sont aux alentours de 20 millions d’Algériens qui seraient concernés par la vaccination. On est très loin du compte par rapport au démarrage de la campagne, ce qu’on a reçu comme vaccins, ce qui a été distribué, ce qui a été réalisé sur le terrain », soutient le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP).
« On est sur 300 000 doses jusqu’à présent au mois de mars. Je pense qu’on est un peu en retard par rapport au déroulement de la campagne de vaccination et il faudrait faire plus d’effort pour ramener les quantités qu’il faut de manière régulière et en disposer au niveau de toutes les structures sur le territoire national afin d’accélérer cette cadence et donner à cette campagne le sens de la réussite afin d’atteindre des objectifs dans un espace-temps acceptable », préconise le Dr Merabet.
Le Dr Lyes Merabet fait part cependant de sa satisfaction quant à la situation épidémique actuelle de la maladie à coronavirus en Algérie, estimant qu’elle permet de « contrebalancer » les manquements constatés dans la campagne de vaccination.
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« Beaucoup de collègues nous contactent pour savoir comment faire pour être vaccinés »
« La situation pandémique est en constante amélioration, c’est tant mieux. Lorsqu’on fait un petit peu la balance entre la campagne de vaccination qui peine à se dérouler, on va un peu contrebalancer par rapport à la situation épidémique qui s’est stabilisée, mais ce n’est pas la solution. La solution est de réussir cette campagne vaccinale et atteindre les objectifs qui lui ont été rattachés », souligne-t-il, faisant état également des risques de « désensibilisation » du citoyen présentés par une campagne de vaccination chancelante.
« Il y a un souci par rapport au citoyen parce que réussir une campagne de vaccination, c’est faire adhérer les professionnels de la santé et les citoyens. Je pense que lorsqu’on est dans cette organisation qui peine à s’installer et à dispenser les structures en quantités vaccinales suffisantes, on est dans la désensibilisation de ces professionnels et de ces citoyens parce que beaucoup de citoyens appellent et se déplacent pour demander après leur rendez-vous », déplore le président du SNPSP.
« Rajoutez à cela le cas des médecins libéraux. Beaucoup de collègues nous contactent pour savoir comment faire pour être vaccinés bien qu’ils soient dans la priorité de cette campagne vaccinale », signale en outre le Dr Merabet.
« Donc, on est dans cette situation qui rend difficile la sensibilisation, l’adhésion, le déroulement et qui compromet les échéances et les buts qui sont rattachés à cette campagne. Il faudrait absolument faire en sorte que la situation s’améliore rapidement », conclut Lyes Merabet.
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