L’Algérie a franchi ce jeudi 8 juillet la barre des 600 cas positifs de covid-19 par jour pour la première fois depuis début novembre dernier, avec 620 nouvelles infections recensées officiellement en 24 heures.
« La situation est très inquiétante et dangereuse », s’alarme le Pr Riad Mahyaoui, membre du comité scientifique de suivi du covid, dans une déclaration, jeudi 8 juillet, au journaliste Ahcène Chemache.
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« Pendant des mois, on a eu une tendance stable de la situation (épidémiologique), avec 100 cas quotidiens, là on arrive à 600 cas par jour et avec 12 décès, un chiffre que l’on n’a pas connu depuis longtemps », note Riad Mahyaoui.
Pour faire face à cette flambée, le spécialiste préconise deux solutions dont la plus importante porte sur une vaccination massive de la population.
Il est estime qu’il va falloir « inciter » les Algériens et les « motiver » à se faire vacciner. « Le vaccin est dans les hôpitaux, les centres de santé, dans la rue et les places publiques, dans les villages et les hameaux, etc. La vaccination est partie chez le peuple. Ce dernier n’a qu’à adhérer à cet acte vaccinal, cela ne coûte rien du tout et prend dix minutes », plaide le Pr Mahyaoui.
A l’adresse de la population, il assure que les vaccins acquis par l’Algérie sont « homologués » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et qu’ils « n’ont pas d’effets secondaires ». « Ils ont une validité très importante », souligne le spécialiste qui met également l’accent sur le fait que le vaccin prévient « à 100% » les formes graves du covid et donc réduit fortement les passages en réanimation.
La hausse de la courbe des contaminations en Algérie survient au moment où, sur le terrain, les citoyens ont totalement abandonné les mesures barrières, alors qu’elles sont obligatoires.
Le Pr Mahyaoui estime que la mission de faire respecter ces mesures ne dépend pas uniquement du ministère de la Santé. « Nous l’avons dit et redit (au conseil scientifique que préside le ministre de la Santé, NDLR), c’est une affaire multisectorielle, elle n’est pas uniquement du fait du ministère de la Santé », insiste-t-il.
« Tous les secteurs sont impliqués. C’est sur la base d’une solidarité intersectorielle qu’on pourrait instaurer une réponse efficace », ajoute Riad Mahyaoui qui en appelle aussi à la responsabilité individuelle et collective de la population. « Tout le monde doit adhérer et doit se sentir concerné, ce n’est qu’à cette condition-là qu’on pourrait faire front contre le covid-19 et ses variants », martèle le spécialiste.
La vaccination, seule arme contre le covid
Faut-il passer par le pass sanitaire pour encourager les citoyens à se faire vacciner, comme l’ont appliqué des pays notamment en Europe ? L’attestation de vaccination est la condition exigée dans ces pays pour permettre aux gens de participer à des concerts, des festivals et autres activités sportives comme c’est le cas pour l’Euro.
Le Pr Mahyaoui est en tout cas favorable. Lui qui avance l’idée de la mise en place d’un Code QR pour ouvrir les stades, les cinémas et autres salles de spectacles, de sorte que n’y seront admises que les personnes vaccinées.
« On en parle (au comité scientifique). C’est un projet qu’on doit soumettre aux autorités. C’est juste pour motiver les gens (à se vacciner) », rassure toutefois Mahyaoui.
S’agissant de la circulation des variants du covid-19 qui ont éclipsé la souche initiale dans plusieurs pays du monde, le Pr Mahyaoui n’exclut pas que le même scénario se produise en Algérie.
« La souche initiale (du covid-19) n’existe pratiquement plus dans les autres pays, ce sera le cas en Algérie. Actuellement, les souches majoritaires dans le monde sont les variants Alpha et Delta. Cela va être le cas en Algérie dans quelques semaines, voire quelques mois. Le variant Delta va probablement être prédominant que la souche initiale », anticipe-t-il. Le variant Delta est connu pour sa très forte contagiosité et une plus importante virulence.
Le Pr Mahyaoui se montre intransigeant sur l’exécution du protocole sanitaire pratiqué aux Algériens bloqués à l’étranger, face à la menace des variants Alpha et Delta.