En Algérie, le nombre de contaminations au covid-19 a considérablement chuté ces derniers jours. Le nombre de cas recensés hier, samedi 5 mars, est le plus bas enregistré depuis le mois de mars 2020 : 41 nouveaux cas.
Pour Dr Lyes Merabet, président du Syndicat des praticiens de la santé publique (SNPSP), bien que le nombre de nouveaux cas soit en « nette régression« , « nous ne pouvons pas affirmer que c’est la fin de la pandémie de covid-19 en Algérie« .
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Quelle lecture faites-vous de la situation épidémiologique en Algérie ?
Il s’agit là de chiffres qui accompagnent la décrue qui a été amorcée depuis trois à quatre semaines. Nous sommes dans une tendance baissière. C’est un constat que nous relevons aussi sur le terrain, dans les structures de santé.
Il y a une nette régression du nombre de cas positifs de covid-19. Pour les quelques cas que nous recensons quotidiennement, pour la plupart, ils ont des symptômes légers et modérés.
Faut-il craindre l’avènement d’une cinquième vague ?
Nous ne pouvons pas éliminer ce risque à 100 %. Nous espérons ne pas avoir à gérer de nouvelles situations de vagues épidémiques.
Si on se réfère à l’expérience que nous avons depuis le début de la crise sanitaire, et au cycle de l’évolution de la pandémie en Algérie, qui est de cinq, six mois entre les différentes vagues, c’est un peu tôt pour dire qu’il n’y aura pas de cinquième vague. Nous devons rester prudents et espérer ne pas vivre des expériences similaires à ce que nous avons déjà vécu.
La décrue de la quatrième vague en Algérie sonne-t-elle la fin du covid-19 dans le pays ?
Nous n’avons pas les éléments et les études épidémiologiques qui pourraient conforter cette affirmation. Ici, nous avons uniquement l’expérience acquise depuis l’avènement de la pandémie et le fait que nous savons que cycliquement nous avons à gérer des situations pandémiques en faveur des mutations du virus.
En Algérie, il est vrai que nous sommes dans une situation très calme, mais nous ne pouvons pas affirmer que c’est la fin de la pandémie.
La situation est différente ailleurs. Dans les pays de l’Union européenne, en moyenne, la vaccination a atteint plus de 75 %. Dans des pays tels que le Canada, les États-Unis, le Royaume-Unis et des pays du Golfe, les objectifs des campagnes vaccinales ont été largement atteints.
Certains pays ont même dépassé les 80 % de couverture vaccinale. Lorsque l’on fait la comparaison entre ces pays et l’Algérie, nous devons tenir compte de ce paramètre.
Nous ne sommes vraiment pas dans la même situation que ces pays qui ont réussi à atteindre leurs objectifs en termes de vaccination et qui ont pu aboutir à une immunité collective induite grâce à la vaccination et aux doses de rappel. Ce n’est absolument pas le cas chez nous.
Qu’en est-il de la campagne de vaccination ?
La campagne de vaccination est à l’arrêt. Actuellement, nous récoltons des dizaines de cas par localité chaque jour. Au niveau national, nous enregistrons chaque jour en moyenne 10.000 à 15.000 vaccinations. C’est très peu.
Comment expliquer les faibles taux de vaccination à l’échelle nationale ?
Du côté de la tutelle, on donne l’impression d’avoir baissé les bras. Dans tous les pays où les objectifs de la campagne de vaccination ont été atteints, cela a été grâce à la sensibilisation, à la mobilisation et à un harcèlement de la population à travers des spots, de la communication et des démarches coercitives qui ont poussé les gens à l’acte vaccinal.
C’est grâce à cela que les objectifs de la vaccination ont été réalisés et pas autrement.
En Algérie on donne l’impression d’avoir baissé les bras et abandonné. C’est une erreur pour cette situation que nous vivons actuellement et pour d’autres situations que nous pourrions éventuellement affronter à l’avenir.
Si demain nous devons réagir à d’autres situations pandémiques, ce sera difficile pour nous en Algérie de pousser la population vers la vaccination. Nous sommes indirectement en train de désensibiliser la population par rapport à l’acte vaccinal mais surtout discréditer l’acte vaccinal. C’est très grave.