Le chef de service des maladies infectieuses de l’EPH de Boufarik, le Dr Mohamed Yousfi, avoue n’avoir aucune information sur l’échéancier pour la réception du vaccin contre le Covid-19 et le début de la vaccination en Algérie. Il donne des détails sur le déroulement de la vaccination.
En tant que praticiens, avez-vous une visibilité sur la date d’arrivée et du début de la vaccination en Algérie ?
On n’a aucune visibilité concernant ni l’arrivée ni le nombre de doses qui vont arriver ni l’échéancier pour le début de la vaccination. En tant que spécialistes sur le terrain ce qui urge maintenant c’est qu’on puisse relayer l’information et sensibiliser la population. On n’a pas cessé d’insister sur l’importance de la vaccination, que c’était une nécessité absolue, que c’était le bout du tunnel, on a également rassuré sur la sécurité du vaccin russe Spoutnik V. Mais maintenant, il nous faut des informations pour que la population puisse savoir quand allons-nous pouvoir commencer la vaccination. Sachant qu’on va commencer par les personnels de santé et les personnes âgés et à risque (comorbidités) mais selon quel échéancier ? On ne le sait toujours pas. Autre interrogation, seraient-ce toutes les wilayas qui vaccineront en même temps, ou seraient-ce les wilayas les plus touchées ? Logiquement, on devrait commencer par les wilayas les plus touchées, du moins pour les premières doses, mais je ne peux pas l’affirmer.
Que des inconnues donc…
Du point de vue vaccin, il n’y a pas d’inconnue. Dans un premier temps, on aura le vaccin russe Spoutnik V, mais il est certain qu’il y a des contacts avec d’autres laboratoires, les chinois et le laboratoire AstraZeneca, pour l’acquisition d’autres vaccins. Il est aussi clair qu’on n’aura pas de sitôt le nombre de doses pour vacciner 60 à 70 % de la population (seuil pour atteindre l’immunité collective, ndlr). Cette situation n’est pas propre à l’Algérie. Maintenant, que nous reste-t-il ? Il nous reste à avoir cet échéancier et la date de réception des premières doses.
Ce retard dans la réception du vaccin ne risque-t-il pas d’avoir un impact sur la campagne de vaccination en Algérie ?
On ne peut pas parler de retard, puisqu’on ne peut pas faire mieux. Même des pays développés n’ont pas eu les quantités suffisantes de doses des vaccins qu’ils ont commandés. Nous avons cependant l’avantage selon lequel l’épidémie chez nous est en train de diminuer, contrairement à d’autres pays comme en Europe où il y a urgence absolue à vacciner. Quand bien même l’épidémie est maîtrisée chez nous, il faut maintenir les mesures barrières et ce d’autant plus qu’on n’aura pas vacciné l’ensemble de la population.
« La vaccination se fera ensuite au niveau des polycliniques pour les populations ».
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Avez-vous au moins une idée comment l’opération va se dérouler une fois le vaccin réceptionné ?
Une note du ministère de la Santé relative aux préparatifs pour la vaccination a été envoyée à l’ensemble des établissements de santé. Cette circulaire clarifie très bien le déroulement de l’opération.
Cette note encadre la vaccination, les doses du vaccin seront stockées au niveau de chaque DSP (Directions de la santé) qui coordonnera avec les structures de vaccination. On parle des vaccins classiques comme le Spoutnik V qui se conservent entre -2 et -8° C. La vaccination se fera ensuite au niveau des polycliniques pour les populations. Les hôpitaux de manière générale, comme les CHU, EPH, s’occuperont de la vaccination de leurs personnels. La vaccination suivra le circuit classique comme on a l’habitude de le faire pour les enfants. La circulaire définit les équipes dédiées à la vaccination au niveau des polycliniques, avec médecins et infirmiers. Dans chaque hôpital, il y aura également une équipe dédiée à la vaccination du personnel, tout cela en coordination avec la DSP et les différents établissements de santé. Il est prévu aussi un circuit de surveillance avec des registres pour signaler éventuellement les effets secondaires. La personne vaccinée laissera ses coordonnées dont le numéro de téléphone pour rester en contact permanent avec l’établissement de vaccination. La circulaire encadre tout cela.
Les 500 000 doses du vaccin Spoutnik V correspondent à 250 000 personnes vaccinées. C’est suffisant ?
On n’a pas le choix. Tous les pays souhaitent avoir le maximum de doses immédiatement.
Sinon, sur le plan du dispositif, on peut être rassuré…
Tout est en place. En fait, le dispositif existe déjà. Il faut juste bien l’encadrer puisque la situation est exceptionnelle.
Selon vous, quand pourra-t-on dire les premiers résultats du vaccin et donc un retour à la normale ?
L’échéance dépend de la vaccination de 60 à 70 % de la population. Les spécialistes sont unanimes à dire que le début de la normalisation serait vers l’automne 2021.
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