L’Algérie connaît une décrue notable des contaminations au covid-19, avec moins de 200 cas positifs par jour, près de deux mois, après le pic de 1927 nouvelles infections en 24 heures, enregistré mercredi 28 juillet.
L’Algérie aborde donc la rentrée sociale et scolaire avec un bilan satisfaisant sur le front sanitaire mais les spécialistes mettent en garde contre un excès de satisfécit, et une éventuellement 4e vague de la pandémie.
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Afin d’accélérer la campagne vaccinale qui était en stand-by à cause du manque de doses des vaccins utilisés en Algérie, le ministère de la Santé a lancé samedi 4 septembre une grande campagne de vaccination contre le covid-19 avec l’objectif de vacciner 70 % de la population avant fin 2021.
Au 4 septembre, 8 millions d’Algériens étaient vaccinés contre le covid-19, dont trois millions ont reçu les deux doses nécessaires pour atteindre l’immunité totale, selon les chiffres officiels.
10 millions de personnes vaccinées
Dans le souci d’éviter une 4e vague du covid-19, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a appelé jeudi 23 septembre la population à se faire vacciner au vu de la disponibilité des vaccins au niveau des centres de vaccination répartis à travers le territoire national. Et ce, a expliqué le Pr Benbouzid, en vue d’atteindre le taux fixé de la population qui varie, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), entre 40 et 50 %.
Le ministre de la Santé a annoncé que 50 % de la population ciblée a été vaccinée, soit près de 10 millions de personnes sur un total de 20 millions.
Le Pr Benbouzid a estimé qu’avec ce taux de vaccination, l’Algérie peut éviter une 4e vague, après avoir subi de plein fouet une 3e vague particulièrement virulente et meurtrière cet été.
« Insuffisant si on veut aller vers l’immunité collective »
Avec un tel taux, l’Algérie peut-elle faire face à une éventuelle 4e vague de la pandémie ? « C’est insuffisant si on veut aller vers l’immunité collective », affirme le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d’infectiologie (SAI), contacté jeudi par TSA.
« Il est vrai que la vaccination a avancé dans notre pays ces derniers temps, mais on est encore loin du compte », remarque le Dr Yousfi qui se dit « inquiet » par la réticence à la vaccination chez certaines catégories professionnelles y compris les personnels soignants.
« Il y a un faible pourcentage en matière de vaccination des personnels de la Santé », s’alarme le chef de service des maladies infectieuses de l’EPH de Boufarik.
Un constat d’autant plus inquiétant que le risque de contaminer d’autres personnes et de se faire contaminer est grand pour les personnels de la Santé.
« Bizarrement, on parle d’encourager la vaccination dans certains secteurs comme l’éducation, l’enseignement supérieur, les sports, etc., mais on n’entend pas parler du tout d’obligation vaccinale pour les personnels de la Santé », regrette Dr Yousfi.
Si le spécialiste se prononce pour la vaccination obligatoire des personnels soignants, c’est parce que, explique-t-il, durant la 3e vague du covid de juillet et août derniers, la plupart des décès étaient non-vaccinés. Parmi ces derniers il y avait « beaucoup de professionnels de la Santé », fait observer Dr Yousfi.
« C’est anormal et inacceptable », estime le spécialiste qui dit que les personnels de la Santé sont censés donner l’exemple. « Même les mesures barrières sont délaissées au sein des établissements hospitaliers », s’indigne le spécialiste.
« Il est important de faire avancer la vaccination au sein de la population générale et particulièrement pour les professionnels de la Santé », insiste le Dr Yousfi.
Le spécialiste revient sur les chiffres avancés par le ministre de la Santé relatifs aux 10 millions de personnes vaccinées. « Il faut préciser s’il s’agit d’une première dose ou deux doses complètes, sachant qu’avec une seule dose on n’est pas encore immunisé », relève-t-il.