C’est de nouveau l’accalmie de la pandémie de Covid-19 en Algérie. Le nombre de nouvelles contaminations quotidiennes a sensiblement baissé, du moins par rapport au pic de 1927 cas enregistré le 28 juillet.
Hier lundi, 506 nouveaux cas ont été recensés en 24 heures, contre 412 nouvelles contaminations dimanche 22 août, 515 nouveaux cas samedi, 578 cas vendredi et 694 cas jeudi.
La tendance est à la baisse et il est maintenant une certitude que la troisième vague, particulièrement virulente et meurtrière, s’essouffle, comme prédit par les spécialistes.
| Lire aussi : Déconfinement en Algérie : les mesures qui pourraient être prises
Mais ceux qui avaient prévu l’accalmie, n’excluent pas une quatrième vague qui pourrait intervenir en novembre prochain. Ils mettent d’ores et déjà en garde contre la réédition des errements qui ont amené à la situation difficile qu’a traversée le pays pendant cet été.
L’Algérie a connu jusque-là trois vagues. L’intervalle entre la deuxième et la troisième a été relativement long, de l’hiver 2021 au début de l’été. Une période en tout cas suffisante pour faire une évaluation de l’action de lutte contre la maladie, en tirer les enseignements et apporter les correctifs nécessaires au dispositif.
| Lire aussi : Covid-19 en Algérie : le CHU Mustapha se prépare à la 4e vague
Mais toute l’Algérie, autorités et population, a fait comme si l’accalmie de la deuxième vague signifiait la fin de la pandémie. Le prix de cette méprise a été élevé et la leçon doit être impérativement retenue.
Imposer le respect des mesures-barrières
D’abord, aucun répit ne doit être observé dans le respect des mesures-barrières. Si tous les espaces publics doivent rouvrir impérativement, les autorités sont appelées à veiller au respect du protocole sanitaire, notamment les mesures de distanciation sociale et le port du masque de protection.
Les spécialistes qui se sont exprimés sur la question lorsque le nombre de nouveaux cas a commencé à remonter, ont unanimement imputé la recrudescence au relâchement qu’il n’est pas difficile de constater dans l’espace public. Les autorités doivent montrer plus de fermeté et les médias jouer leur rôle dans la sensibilisation.
Aussi, le gouvernement avait fait l’erreur d’autoriser des rassemblements politiques dans les endroits fermés à l’occasion de rendez-vous électoraux, relèvent certains spécialistes.
La corrélation n’est pas prouvée, mais il n’a échappé à personne qu’à chaque fois, la dégradation de la situation est survenue au lendemain d’une échéance électorale (référendum sur la révision constitutionnelle du 1er novembre 2020 et élections législatives du 12 juin 2021).
Les autorités sont de ce fait invitées à réfléchir à la question et prendre les bonnes mesures en prévision des élections locales qui pourraient se tenir en novembre prochain, « si la situation sanitaire s’améliore ».
Mettre le paquet sur la vaccination
La deuxième marche que l’Algérie ne doit pas rater, c’est celle de la vaccination. Depuis la mise sur le marché des premiers vaccins, à l’automne dernier, l’Algérie a mis énormément de retard pour acquérir les doses nécessaires et lancer la vaccination de masse.
Ce n’est que ces dernières semaines que la cadence s’est accélérée. Là aussi, les spécialistes sont formels : si une proportion plus importante de la population avait été vaccinée pendant le printemps, la troisième vague serait moins virulente.
L’accalmie actuelle doit être mise à profit pour lever les entraves qui ont fait que le taux de vaccination est resté très bas (notamment acquérir plus de doses et mener une campagne efficace de sensibilisation).
L’Algérie doit impérativement se rapprocher de l’objectif de vacciner 70 % de sa population pour retourner définitivement à une vie normale et ne plus vivre dans l’angoisse de devoir faire face à de nouvelles vagues de la pandémie de covid-19.
Mieux équiper les hôpitaux
L’Algérie est également appelée à ne pas répéter les erreurs du passé en matière de logistique et de prise en charge sanitaire des malades. Si la troisième vague a été particulièrement meurtrière, c’est principalement à cause de la pénurie d’oxygène qui a affecté tous les hôpitaux du pays du fait de la très forte demande.
Pendant plusieurs semaines, la crise de l’oxygène a mis toute l’Algérie en alerte, suscitant un large élan de solidarité impliquant citoyens, sphère économique privée et diaspora. Le problème s’était pourtant posé dès les premiers mois de la pandémie, avec une moindre intensité certes.
Les six mois d’accalmie pendant la première moitié de 2021 auraient dû être mis à profit pour augmenter les capacités nationales de production d’oxygène, doter les hôpitaux en matériel d’oxygénothérapie et élaborer un plan d’approvisionnement à déclencher en cas de crise.
Cela vaut aussi pour tous les équipements et médicaments entrant dans la prise en charge de la maladie. Les efforts faits dans l’urgence cet été ont permis de résorber une partie du déficit, à l’État maintenant de combler le reste sans attendre la survenue d’une éventuelle quatrième vague.