Le professeur Mohamed Belhoucine a exposé ce jeudi les caractéristiques des deux vaccins sélectionnés par l’Algérie dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Covid-19, à savoir le vaccin russe Spoutnik V, le vaccin chinois Sinopharm ainsi que le vaccin développé par AstraZeneca.
« Ces trois vaccins proviennent de deux plateformes technologiques différentes », indique le professeur Belhoucine dans un entretien accordé à TSA. D’un côté, le vaccin chinois et de l’autre, les vaccins russes et britanniques.
Vaccin chinois : la technologie du virus inactivé
« Le vaccin chinois provient d’une technologie très ancienne, celle qui a servi à nous vacciner quand nous étions jeunes. Il consiste tout simplement à prendre le virus qui provoque la maladie, l’inactiver c’est-à-dire le détruire partiellement pour qu’il ne puisse pas infecter à nouveau mais en gardant les composantes qui constituent le virus et qui sont à l’origine de sa reconnaissance par l’organisme et donc de la réaction de l’organisme », explique le professeur.
« Quand un organisme reconnait un corps étranger, il produit contre lui des anticorps. Donc on garde les techniques pour inactiver la bactérie, mais cette bactérie est ensuite injectée chez les personnes à immuniser et cette injection va provoquer une réaction du système immunitaire où notre organisme va développer des anticorps et des cellules tueuses qui, lors du prochain contact avec la bactérie en question, la reconnaitra tout de suite et va donc la détruire avant même qu’elle ne provoque la maladie », développe le Pr Belhoucine.
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Vaccins russe et d’AstraZeneca à vecteur viral
« Pour les vaccins Spoutnik V et AstraZeneca, c’est une autre plateforme technologique qui est différente du vaccin chinois. Les deux vaccins utilisent cependant la même plateforme qu’on appelle vecteur viral », affirme le membre du comité scientifique.
Dans le vaccin à vecteur viral, « on va prendre un morceau du code génétique du coronavirus qui donne la Covid-19 mais pour pouvoir l’introduire dans l’organisme humain sans introduire la Covid-19, on va injecter ce morceau de code génétique du virus dans un virus qui est connu et inoffensif pour l’Homme », explique le Professeur Belhoucine, expert international qui a collaboré avec l’OMS dans la lutte contre le virus Ebola.
« On va donc injecter ce morceau de code dans le virus inoffensif, il va l’intégrer dans son propre code viral et après on va injecter ce virus inoffensif chez l’Homme. À ce moment-là, ce virus va se multiplier et libérer les composantes qui sont codées dans le morceau de code du Covid-19. Ensuite c’est la même chose. Notre organisme va reconnaitre ces composantes comme étant des composantes étrangères, il va fabriquer des anticorps et si demain on est en contact avec un vrai Covid-19, notre organisme saura les reconnaitre et les détruire », affirme le spécialiste.
Pourquoi l’Algérie a choisi deux types de vaccins
« C’est pour ça qu’on appelle cette plateforme à vecteur viral, parce que le vecteur par lequel on fait passer l’information concernant la Covid-19 dans notre organisme est un petit virus inoffensif », souligne le professeur, précisant que « ce genre de vaccin a été utilisé pour Ebola et les Russes avaient développé un vaccin à vecteur viral contre Ebola vers la fin de l’épidémie. Nous avons donc au moins le recul de l’épidémie d’Ebola par rapport aux effets secondaires de ces vaccins à vecteur viral ».
Pour Mohamed Belhoucine, le choix de trois vaccins basés sur des technologies connues permettra à l’Algérie de travailler dans un territoire connu. « Pour ces deux plateformes technologiques, il y a non seulement des études préalables dans d’autres circonstances, dans d’autres maladies, mais aussi il y a un recul suffisant pour pouvoir dire s’il y a quelques effets secondaires rares, etc. », estime le professeur.