L’émergence d’un nouveau variant du covid-19, Omicron, a fait souffler un vent de panique dans le monde. En Algérie, l’inquiétude est d’autant plus importante que le pays fait face actuellement à une recrudescence des cas de contaminations alors que le rythme de vaccination patine.
Mais pour le professeur Reda Djidjik, chef de service d’immunologie au CHU de Beni Messous (Alger), même si Omicron ” finira par arriver dans tous les pays”, aujourd’hui, en Algérie, “il ne faut pas se préoccuper” de cette nouvelle souche.
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Virulence du nouveau variant, cadence de la campagne de vaccination, instauration du passe sanitaire obligatoire, le professeur Djidjik répond à toutes ces questions.
Faut-il s’inquiéter de ce nouveau variant Omicron ?
Il faut tout d’abord rappeler que les mutations qui arrivent dans les virus à ARN tel que le Sars-CoV-2 sont normales et naturelles. Ces mutations font partie du cycle viral et du fonctionnement naturel des virus.
Il a été classé variant “préoccupant ” par l’OMS car il a une caractéristique particulière. C’est le variant le plus muté au niveau de la protéine S. Il y a une trentaine de mutations au niveau de cette protéine. C’est ce qui a fait dire aux experts que probablement il aurait des caractéristiques de virulence et de transmissibilité différentes des autres variants.
Ce que l’on sait maintenant sur Omicron, en fonction des données scientifiques, est qu’il a probablement une vitesse de propagation un peu rapide par rapport aux autres variants.
Mais sur le plan de la virulence, les données sont rassurantes. L’OMS rassure tout le monde, Omicron n’aurait pas une virulence supérieure au Delta, au contraire, il donnerait des formes bénignes de covid.
Il ne faut donc pas trop se préoccuper de Omicron. S’il a une vitesse de transmissibilité plus rapide que le Delta, il va finir par prendre sa place. Il y a une compétition entre les deux variants.
En Algérie, il faut se concentrer sur le variant Delta. Actuellement, nous sommes aux portes d’une quatrième vague et c’est le variant Delta qui est prédominant chez nous. Ce dernier peut être très meurtrier et nous faire rappeler la troisième vague avec tous les soucis d’hospitalisations et de manque d’oxygène.
En Algérie, il faut se concentrer actuellement sur cette quatrième vague et sur le variant Delta, et surtout, pousser les citoyens à se faire vacciner. C’est le seul moyen de se protéger contre le variant Delta qui fait actuellement des ravages à travers le monde. Si nous voulons passer une quatrième vague avec douceur, il faut se faire vacciner pour éviter ce que nous avons vécu l’été dernier.
En ce qui concerne Omicron, les données viennent pour le moment petit à petit. Elles sont rassurantes. On attendra les prochains jours pour avoir plus d’informations scientifiques.
Avec le temps, Omicron remplacera certainement le variant Delta. Quelles sont les mesures que doit prendre l’Algérie pour limiter la propagation du virus ?
On ne peut pas stopper la transmission du virus, même en fermant les frontières, ou avec toute autre mesure. Le virus finira par arriver dans tous les pays.
Maintenant il s’agit d’une compétition entre les deux variants. Si le variant Omicron a un index de transmission plus important que le variant Delta, il finira par prendre sa place.
Maintenant si ce n’est pas le cas, le Delta restera toujours là. Les données ne sont pas assez claires sur ce point. On parle d’une vitesse de propagation de l’Omicron assez importante mais probablement qu’elle n’est pas plus importante que pour le Delta.
On doit attendre les jours qui arrivent pour avoir des informations un peu claires sur la transmission du variant Omicron et sur le cycle viral et l’épidémiologie du virus.
On dit qu’actuellement la campagne de vaccination tourne au ralenti, pourquoi ?
C’est un constat que tout le monde fait. On ne comprend pas pourquoi le citoyen algérien refuse de se faire vacciner. Il y a un effort à faire encore sur ce point et voir les détails avec précision.
Pourquoi ce refus et pourquoi ces mensonges autour de la vaccination. Ce n’est pas uniquement un problème de santé, c’est un problème national.
Tous les spécialistes en dehors de la santé doivent intervenir et des sociologues pour nous expliquer où se situe le problème de la vaccination dans notre pays qui reste l’un des pays où le taux de vaccination est le plus faible dans le monde malgré la disponibilité des vaccins.
Faut-il instaurer l’obligation du passe sanitaire ?
Le pass sanitaire n’a jamais été une solution. Il faut aller dans la pédagogie et expliquer aux citoyens leurs craintes. Il faut l’intervention de sociologues et de psychologues pour essayer de voir quelles sont les véritables craintes pour que l’on puisse agir là où il le faut et avec précision, et essayer de lever, ainsi, toutes ces craintes.