La pandémie du Covid-19 connaît une décrue spectaculaire en Algérie. Seulement 32 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés lundi 7 mars, soit le plus bas niveau depuis fin mars 2020.

La décrue spectaculaire de la pandémie en Algérie augure de jours meilleurs. « On a une explication qui est presque assez logique : en l’occurrence 90% des Algériens sont contaminés par l’Omicron et ses deux sous-variants BA1 et BA2 », explique le Pr Idir Bitam.

| Lire aussi : Covid-19 en Algérie : « On ne peut pas affirmer que c’est la fin »

Ce niveau de contamination en plus de la vaccination a conféré une immunité naturelle aux Algriens. « Ce qui fait qu’on est protégé. Malheureusement plus par contamination que par la vaccination », relève cependant le spécialiste des maladies transmissibles et des pathologies tropicales.

Cette observation est importante aux yeux du Pr Bitam du fait que l’immunité par contamination demeure limitée dans le temps. « Elle peut disparaître d’ici 3 à 4 mois qui correspond à la durée de validité de l’immunité épidémiologique», avance-t-il tout en n’excluant pas la survenue d’une 5e vague en Algérie.

| Lire aussi : Vols d’Air Algérie : cherté et pénurie de billets avec la France

Selon le Pr Bitam, même si pour l’heure on est protégé, « à partir du 4e mois les autorités doivent prendre les dispositions nécessaires pour sécuriser la population et renforcer les restrictions ».

Le variant Omicron et le vaccin ont contribué à l’immunité collective que le Pr Salah Lellou, chef de service pneumologie à l’EHU d’Oran, évalue à « plus de 80% ».

Lui aussi appelle à rester vigilant. « Il ne faut pas mettre de côté les mesures barrières », exhorte-t-il. Le Pr Lellou est lui aussi d’avis que l’immunité naturelle acquise grâce à l’Omicron est limitée dans le temps et constitue un risque dont il faut tenir compte. « Je pense que le Covid-19 va devenir une endémie comme tous les virus saisonniers. Il faudra peut-être trouver un vaccin chaque année », avance le spécialiste.    

Levée des restrictions de voyage : « Ça ne pose pas de problème »

Le Pr Idir Bitam plaide en faveur de la levée des restrictions, durant cette durée de validité de l’immunité épidémiologique, afin de permettre à la population algérienne de « respirer ».

Elle en avait besoin après deux années de restrictions « qui lui ont fait perdre tout goût de la vie », dit-il. Cette décrue salutaire des contaminations constitue de fait « un bol d’oxygène dont on peut profiter», selon les mots du scientifique qui exhorte cependant à revenir aux mesures sanitaires aussitôt que l’immunité naturelle vient à s’estomper.

Idir Bitam ne voit pas d’inconvénient à augmenter les dessertes aériennes d’Air Algérie et maritimes internationales pour permettre à nos compatriotes d’ici et de l’étranger d’aller et venir.

« Ça ne pose pas de problème tant qu’on a 90% des Algériens qui sont immunisés. Car, quel que soit le variant qui rentre chez nous, on est toujours protégé. Mais pas pour longtemps», précise-t-il.

Augmenter le nombre de vols d’Air Algérue serait « amplement justifié », estime le Dr Lyes Merabet, praticien de santé publique et président du Syndicat des praticiens de santé publique (SNPSP). « Surtout que le protocole sanitaire pour le transport aérien est strict en plus d’être maîtrisable », complète-t-il.

« Pour le reste des restrictions, honnêtement je ne vois pas où c’est appliqué. Nous avons été dans le non-respect généralisé des mesures barrières durant les pires moments de la crise sanitaire. Et les gens continuent à vaquer à leurs occupations le plus normalement du monde et sans être dérangés », relève-t-il.

Concernant la levée des restrictions liées au Covid-19, le Pr Salah Lellou plaide pour une approche graduelle. « Il ne faut pas tout de suite dire qu’on est sorti d’affaire. Il faut être prudent. Le port du masque doit surtout rester de mise.

Pour les voyageurs, il y a lieu de renforcer les contrôles sanitaires », explique Salah Lellou qui juge qu’il est possible de « revenir à la situation d’avant » la pandémie en termes de fréquence des vols et des traversées.